14.
Examinons maintenant la seconde manière d’interpréter ce passage. Il y a certaine faute dont on n’obtient jamais le pardon de la part de Dieu, quand on s’en est rendu coupable. Vous me demanderez, sans doute, quelle peut être cette faute, en quoi elle consiste. Elle consiste à prendre la défense de ses propres Péchés. Dès qu’une personne excuse ses iniquités, elle déclare bon ce que Dieu déteste, et ainsi elle commet une grande faute, Vois combien est injuste et déraisonnable cette manière d’agir. Si l’homme fait un peu de bien, il se l’attribue; et, quand il fait le mat, il l’impute à Dieu : ainsi, ils accusent Dieu de leurs désordres. N’est-ce point porter l’iniquité à son comble? Personne n’oserait dire: L’adultère, l’homicide, la fraude, le parjure sont choses légitimes. Personne ne serait assez hardi pour tenir un pareil langage. Ceux mêmes qui s’en rendent coupables, crient à la prévarication et au scandale, dès qu’ils en souffrent; nulle âme donc n’est assez pervertie, assez ennemie du genre humain, assez étrangère à l’union que doit établir entre nous notre commune origine en Adam, pour considérer comme bons et légitimes l’adultère, la fraude, la rapine, le parjure. Alors comment peut-on en prendre la défense ? En disant: Si Dieu ne l’avait pas voulu, je ne m’en serais pas rendu coupable. Puis-je m’opposer à mon destin? Si tu leur demandes ce qu’ils entendent par le destin, ils te parlent des étoiles ; et si tu cherches à savoir qui est-ce qui a créé les étoiles et réglé leur cours, ils te répondent: C’est Dieu. Par conséquent, tu n’excuses ton péché que pour en accuser Dieu lui-même ; tu absous le coupable pour mettre le juge en cause. Est-il possible que le Seigneur prenne pitié de ceux qui commettent une semblable iniquité? « N’ayez compassion d’aucun de ceux qui commettent le péché ». Que votre vengeance, dit le Prophète, poursuive leurs péchés : punissez-les, percez-les des traits de votre justice; ils ne veulent point se connaître: forcez-les à s’envisager eux-mêmes, et puissent-ils rougir du malheureux état où ils se trouvent, et trouver en vous leur bonheur! « N’ayez compassion d’aucun de ceux qui commettent le péché ».