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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LVIII.
PREMIER DISCOURS SUR LE PSAUME LVIII.

21.

Quant à ses ennemis eux-mêmes, qu’est-ce qu’ajoute le Prophète? «Ne les faites point mourir, ô mon Dieu, de peur qu’ils oublient votre loi ». Il prie pour ses ennemis; il accomplit le précepte de la charité. Tout à l’heure nous entendions sortir de sa bouche ces paroles : « N’ayez compassion d’aucun de ceux qui commettent l’iniquité ». Maintenant il dit : « Ne les faites point mourir, de peur qu’on oublie votre loi ». Comment accorder ensemble ces deux passages de notre psaume? Comment Dieu peut-il en même temps ne pas prendre en pitié des pécheurs, et ne pas les faire mourir dans la crainte qu’on oublie sa loi? Ici, remarquez-le, le Prophète parle de ses propres ennemis. Hé quoi! ses ennemis observent-ils donc les lois de la justice ? Si ceux qui le haïssent pratiquent la justice, il est donc lui-même coupable d’injustice? Mais comme il observe les lois de l’équité, il endure, par là même, de la part de ses ennemis, des procédés injustes : il est donc évident qu’en se déclarant l’adversaire des justes, on se constitue soi-même dans l’état de péché. Comment donc a-t-il pu dire tout à l’heure : « N’ayez compassion d’aucun de ceux qui commettent l’iniquité », pour faire maintenant cette prière en faveur de ses ennemis: « Ne les faites point mourir, de peur qu’on oublie votre loi? » Ne prenez donc point pitié d’eux, afin de tuer leurs péchés; ne faites point mourir ceux dont vous tuez les péchés. Qu’est-ce qu’être tué ? C’est oublier la loi de Dieu. Se plonger dans l’abîme du péché, voilà la véritable mort. Ceci peut très-bien s’entendre des Juifs. Mais quel rapport ce passage peut-il avoir avec les Juifs : « Ne les tuez pas, de peur qu’on oublie votre loi? » Ne faites point mourir ces malheureux qui se sont déclarés contre moi, et m’ont fait mourir moi-même. Que la nation juive subsiste toujours. Sans doute, les Romains l’ont vaincue, leur ville a été détruite de fond en comble: on ne permet à aucun de ses membres de rentrer dans leur cité sainte, et pourtant, il y a toujours des Juifs. Toutes les provinces sont tombées au pouvoir des Romains: où est l’homme capable de les reconnaître toutes au milieu de l’empire romain, et de dire quels noms elles portaient autrefois, puisque tous leurs habitants sont devenus Romains et en portent le nom? Néanmoins les Juifs subsistent encore, marqués d’un signe qui les distingue des autres; s’ils ont subi la honte de la défaite, ils n’ont pas, du moins, été détruits et absorbés par les vainqueurs. Ce n’est pas sans raison que, après le meurtre d’Abel, Dieu a placé au front de Caïn un signe qui pût le faire reconnaître et l’empêcher d’être lui-même tué1. Or, voici le signe auquel on reconnaît les Juifs : ils conservent avec un soin extrême les restes de leur loi ; ils reçoivent la circoncision, observent le sabbat, immolent l’agneau pascal, et mangent le pain azyme. Il y a donc des Juifs, ils n’ont pas été anéantis: et même leur existence est indispensable pour confirmer les Gentils dans la foi. Pourquoi cela? Afin que nous connaissions, d’après l’exemple de nos ennemis, la miséricorde de Dieu à notre égard. « Mon Dieu me l’a fait voir dans mes ennemis ». A la vue des branches orgueilleuses de l’olivier franc séparées de leur tronc, l’olivier sauvage, greffé à leur place, peut comprendre l’étendue de la miséricorde divine envers lui. Voilà où gisent les rameaux superbes : et toi, qui gisais par terre, voilà où tu as été greffé. Ne t’enorgueillis donc pas, car tu mériterais d’être à ton tour séparé du tronc. « Mon Dieu, ne les anéantissez pas, de peur qu’on oublie votre loi ».


  1. Gen. IV, 15. ↩

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