8.
« Dieu a parlé dans son saint ». Peux-tu douter de l’accomplissement des paroles du Tout-Puissant? Si tu avais un ami sage et sérieux, comment t’exprimerais-tu à son égard? Il a dit cela ? il fera ce qu’il a dit, c’est immanquable, car c’est un homme sérieux; il ne parle pas à la légère; quand il a promis une chose, il y tient, parce qu’il ne change pas facilement d’avis. Pourtant ce n’est, en définitive, qu’un homme; il peut avoir la volonté d’accomplir ses promesses; sera-t-il toujours à même de n’y pas manquer? en aura-t-il toujours le pouvoir? Mais, du côté de Dieu, il n’y a rien à craindre, parce qu’il est la vérité même et qu’il possède- la souveraine puissance; il est sûr; il ne peut te tromper; rien ne dépasse son pouvoir. Pourquoi donc craindre d’être déçu dans tes espérances? Tu as besoin de ne pas te tromper toi-même et de persévérer jusqu’à la fin, jusqu’au moment où il accomplira ses promesses. « Dieu a parlé dans son saint ». Quel est ce saint qui est celui de Dieu? « Dieu était dans le Christ, et il s’y réconciliait le monde1 ». C’était celui dont il a été dit ailleurs : « O Dieu, toutes vos voies sont dans le saint2. Dieu a parlé dans son saint. Je me réjouirai et je diviserai les champs de Sichem ». Puisque Dieu l’a dit, l’événement aura lieu. C’est la parole de l’Eglise : « Dieu a parlé dans son saint ». Elle ne répète point simplement les paroles que Dieu a prononcées. Mais, puisque « Dieu a parlé dans son saint », et que les choses doivent nécessairement arriver comme il les a prédites, il est sûr qu’elles auront lieu. « Je me réjouirai et je diviserai les champs de Sichem, et je partagerai la vallée des tentes». Sichem signifie épaules. Au rapport de l’historien sacré, lorsque Jacob revint de chez Laban, son beau-père, avec tous ses biens, il cacha en Sichem les idoles qu’il apportait de la Syrie, où il avait si longtemps séjourné et d’où il venait enfin de sortir pour retourner dans son pays natal3. Arrivé là, il y dressa quelques tentes pour abriter ses brebis et ses troupeaux, et il donna à cet endroit le nom de « tentes4 » . Je diviserai ces tentes, dit l’Eglise. Que veulent dire ces mots : « Je partagerai Sichem ? » Si on les rapporte à ce trait de la vie de .Jacob relatif aux idoles qu’il cacha en Sichem, ces paroles désignent les Gentils. Je divise les Gentils. Qu’est-ce à dire: Je divise? La foi n’est pas donnée à tous5. Qu’est-ce à dire: Je divise? Les uns croiront, les autres ne croiront pas; et pourtant, que ceux qui croient ne tremblent pas de ce qu’ils se trouvent au milieu des incroyants: ils sont aujourd’hui divisés par la foi; au jugement dernier ils le seront encore, puisque les brebis seront placées à la droite et les boucs à la gauche6. Il nous est maintenant facile de comprendre comment l’Eglise divise Sichem. Mais, puisque Sichem signifie épaules, comment l’Eglise divise-t-elle les épaules? Les épaules sont divisées en ce sens que, chez les uns, elles sont surchargées de péchés, et que, chez les autres, elles portent le joug du Christ. Car il réclamait des épaules dévouées, quand il disait: «Mon joug est doux et mon fardeau « est léger7 ». Les autres fardeaux t’accablent et t’écrasent, mais celui du Christ te soulève; les autres fardeaux t’appesantissent, celui du Christ, au contraire, te donne des ailes. Si tu ôtes à un oiseau ses ailes, il semblerait que tu le débarrasses d’un poids incommode ; et néanmoins plus tu l’en décharges, plus tu le condamnes et le forces à s’abattre. Tu avais voulu le soulager et tu n’as fait que l’empêcher de quitter la terre; il ne vole plus, parce que tu l’as déchargé; rends-lui son fardeau et il reprendra son essor. Ainsi en est-il du fardeau du Christ; puissent les hommes ne point se laisser dominer par la paresse et se décider à le porter! puissent-ils ne pas s’arrêter à considérer le nombre de ceux qui ne s’en chargent pas! Que les hommes de bonne volonté le prennent sur leurs épaules, et ils verront par eux-mêmes combien il est doux, léger et agréable, combien il est puissant pour nous détacher de la terre et nous élever jusqu’au ciel. « Je diviserai Sichem, et je partagerai la vallée des tentes ». Par la vallée des tentes on entend le peuple juif, peut-être à cause des brebis qu’y amena Jacob; ce peuple lui-même a été divisé, car ceux d’entre les Juifs qui se sont soumis à la foi chrétienne, sont sortis de là pour entrer dans l’Eglise ; les autres y sont restés et ne se sont point incorporés à Jésus-Christ.