12.
« Qui est-ce qui me conduira jusqu’en Idumée? N’est-ce pas vous, Seigneur, qui nous avez rejetés? Et vous ne sortirez point à la tête de nos armées1». Est-ce qu’après nous avoir rejetés, vous ne nous conduirez pas? Mais pourquoi nous avez-vous rejetés? Parce que « vous nous avez détruits ! » Et pourquoi nous avez-vous détruits? Parce que vous vous êtes irrité, et que vous avez eu « compassion de nous»; c’est donc vous qui nous conduirez, après nous avoir rejetés vous qui ne sortirez pas à la tête de nos armées, vous nous conduirez. Qu’est-ce à dire « Vous ne sortirez pas à la tête de nos armées? » Le monde nous persécutera : il nous foulera à ses pieds; alors coulera à grands flots le sang des martyrs ; alors s’élèvera le monceau du témoignage, et les païens, qui nous persécuteront, diront: « Où est donc leur Dieu2 ? » En ce moment, « Seigneur, vous ne sortirez pas à la tête de nos armées». Vous ne vous déclarerez pas visiblement contre eux : vous ne manifesterez pas votre puissance en notre faveur, comme vous l’avez fait autrefois en faveur de David, de Moïse et de Jésus, fils de Navé, lorsque les Gentils se virent obligés de céder devant leur valeur guerrière, et qu’après les avoir exterminés et avoir ravagé leur pays, vous avez introduit votre peuple dans la terre promise. Vous n’agirez pas ainsi pour nous; « vous ne sortirez point, Seigneur, à la tête de nos armées». Vous agirez au dedans de nos coeurs. Que signifient ces mots : « Vous ne sortirez pas? » Ils signifient : Vous n’agirez pas visiblement. Autrefois, les martyrs marchaient chargés de chaînes, on les jetait en prison, on les exposait en public à la risée de tous, on les donnait en pâture aux bêtes, on les précipitait au milieu des flammes n’étaient-ils pas alors des objets de mépris, parce qu’ils semblaient abandonnés et privés de tout soutien? Comme Dieu agissait au dedans de leurs coeurs! Quelles consolations intérieures il leur procurait! Combien leur était douce l’espérance de la vie éternelle! Leur coeur n’était point délaissé par lui, ce coeur où l’homme demeure en silence, comblé de joie, s’il est bon; accablé de remords, s’il est du nombre des méchants. Le Seigneur ne sortait point à la tête de leurs armées et, pourtant, les abandonnait-il à eux-mêmes? Et n’est-ce pas précisément parce qu’il n’est pas sorti à la tête de leurs armées, qu’il a conduit l’Eglise jusqu’en Idumée, jusque dans la ville environnante? Si l’Eglise voulait combattre et se servir du glaive, ne semblerait-elle pas se battre pour défendre son existence temporelle? mais comme elle méprisait souverainement la vie présente, un monceau de témoignages s’est élevé en sa faveur pour la vie éternelle.