3.
Mais pourquoi ai-je ainsi crié vers vous? « Lorsque j’avais le coeur pressé de douleur ». Ainsi, l’Eglise montre-t-elle que si sa diffusion au milieu de tous les peuples du monde est pour elle le sujet d’une grande gloire, elle y trouve aussi la source de grandes épreuves. L’épreuve est, en effet, La condition obligée de notre pèlerinage sur la terre; car notre avancement dans la voie du bien en est le résultat. Aucun d’entre nous ne peut ni se connaître sans être éprouvé, ni recevoir la couronne sans avoir remporté la victoire, ni vaincre sans combat, ni combattre sans avoir à supporter un ennemi ou des tentations. C’est pourquoi le Christ est accablé d’angoisses sur tous les points de l’univers; mais il n’est pas, pour cela, délaissé. Nous sommes son corps mystique, et il nous a préfigurés dans ce corps matériel dont il s’est revêtu, avec lequel il est mort, ressuscité et monté au ciel; et, par là, il a voulu nous donner l’espérance d’aller un jour nous réunir à notre chef, puisque nous sommes ses membres. Il nous a donc figurés en sa personne, quand il s’est laissé tenter par le démon1. Nous lisions tout à l’heure dans l’Evangile que Notre-Seigneur Jésus-Christ a été tenté par Satan dans le désert; iln’y a aucun doute à élever sur la réalité de cette tentation du Sauveur par le démon, et tu étais toi-même tenté en Jésus-Christ, car il t’avait emprunté la chair de ton corps, et il devenait pour toi le principe du salut; il avait puisé la mort en toi, et il te communiquait la vie, à cause de toi, il a subi toutes sortes d’outrages; à cause de lui, tu es arrivé à la gloire; de ta part lui venait donc la tentation, et de la sienne venait la victoire. Si nous avons subi, en sa personne, l’épreuve de la tentation, nous y avons aussi vaincu Satan. Tu remarques que le Christ a été tenté; ne vois-tu pas qu’il est sorti victorieux du combat? Par conséquent, si tu es, avec lui, soumis à l’épreuve, souviens-toi aussi qu’avec lui tu en triompheras. Il aurait pu empêcher l’esprit malin de s’approcher de lui; mais s’il n’avait pas été tenté, il n’aurait pu t’apprendre à le suivre dans le chemin de la victoire, Il n’est donc pas étonnant de l’entendre élever la voix dans les pays du monde, puisqu’il s’y voit exposé à une multitude d’épreuves. Mais d’où vient qu’il n’y succombe pas? Ah! c’est que « vous m’avez élevé sur la pierre ferme». Il nous est maintenant facile de reconnaître celui qui élève la voix des extrémités de la terre. Rappelons-nous les paroles de l’Evangile : « Sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise2». C’est donc cette Eglise, qu’il a voulu bâtir sur la pierre, c’est cette Eglise qui crie vers Dieu de tous les pays du monde. Qui est-ce qui est devenu cette pierre sur laquelle l’Eglise devait être bâtie? Ecoute saint Paul, il va te l’apprendre : « La pierre, c’était le Christ3 ». C’est donc sur Jésus-Christ que nous avons été élevés. Voilà pourquoi cette pierre sur laquelle nous avons été édifiés, a été la première frappée des vents, des flots et de la pluie4, au moment où le démon tentait le Sauveur dans le désert. Telle est la base inébranlable sur la quelle il a voulu te placer: aussi notre prière, loin d’être inutile, est-elle exaucée, puisque nous avons, dans la place où il nous a mis, le plus puissant motif d’espérer. « Vous m’avez élevé sur la pierre ferme ».