5.
« Vous m’avez conduit, parce que vous « êtes devenu mon espérance. Vous êtes, pour moi, en face de l’ennemi, une forte tour ». Des extrémités de la terre, l’ensemble des fidèles fait entendre ces cris: Mon coeur est accablé d’angoisses, et mon existence se passe à lutter, sans cesse, contre les tentations et les scandales ; les païens me portent envie, parce que j’ai triomphé d’eux; afin de me tendre plus facilement des piéges, les hérétiques se servent du nom chrétien comme d’un manteau pour mieux tromper sur leurs intentions; le froment est cruellement tourmenté par la paille, dans le sein même de l’Eglise; le coeur torturé d’angoisses au milieu de tant d’épreuves, j’élèverai, vers le trône de l’Eternel, les accents de ma prière; je les lui ferai entendre sur tous les points du monde. Celui qui m’a placé sur la pierre ferme, pour me conduire jusqu’à lui, ne me délaissera pas; je lutte sans cesse, le démon me tend des embûches partout, toujours, en toute occasion, mais le Seigneur n’est-il pas pour moi une tour inexpugnable?
Lorsque j’y aurai cherché un refuge, je n’aurai plus à craindre les traits de l’ennemi, et même je pourrai, en toute sécurité, lancer contre lui autant de flèches qu’il me. plaira. C’est le Christ en personne qui me tient lieu de tour; et cette tour, où nous pouvons nous garantir des attaques de nos ennemis, c’est la pierre même sur laquelle a été bâtie l’Eglise. Tu crains de te voir frappé à mort par le démon? Va te mettre à l’abri des murs de cette tour, et les traits de cet ennemi infernal ne pourront jamais t’y atteindre, car tu y seras protégé et soutenu. Mais comment parvenir jusque-là ? Qu’au moment de l’épreuve, personne d’entre vous ne croie devoir chercher une tour matérielle pour s’y réfugier, de peur qu’après d’infructueuses recherches, il ne se fatigue et ne succombe ! La tour dont je parle se trouve devant toi : souviens-toi du Christ, et tu pénétreras dans la tour. Mais comment se rappeler le souvenir du Christ, de manière à pouvoir s’introduire dans la tour ? Le voici : toutes les fois que tu auras quelque peine à subir, pense qu’il a souffert le premier, et qu’il a souffert, pour mourir d’abord, et ressusciter ensuite: n’oublie pas que la souffrance te conduira au même but que lui; espère-le: cette pensée t’empêchera d’acquiescer aux suggestions de l’ennemi, et ainsi auras-tu pénétré dans la tour. Si tu donnais ton consentement aux tentations du démon, il est sûr que, par là même, tu serais atteint des traits qu’il dirige contre toi. Ne vaut-il pas mieux lui lancer toi-même des flèches qui le blessent, et te permettent d’en triompher ? Quelles sont ces flèches? C’est la parole de Dieu, c’est ta foi, c’est ton espérance, ce sont tes bonnes oeuvres. Je ne te dis pas de te mettre à l’abri des murs de cette tour, pour t’y reposer : il ne doit pas te suffire de voir les traits de l’ennemi tomber loin de toi, hors de portée ; il faut t’y remuer : que tes mains ne restent pas inactives ; tes bonnes oeuvres, voilà l’arme qui servira à donner la mort à ton ennemi.