6.
« J’habiterai, comme un étranger, dans votre tente pendant tous les siècles1». Il vous est facile de reconnaître que celui qui crie vers Dieu est bien celui que je vous al désigné. Lequel d’entre nous pourrait être étranger pendant tous les siècles? Les jours dont notre vie se compose, sont en petit nombre : nous ne faisons que passer ici-bas: nous sommes maintenant des étrangers : plus tard, nous habiterons dans la céleste patrie. Tu es ici un étranger, puisque le Seigneur t’adressera ce commandement : Sors d’ici. Pour cette demeure permanente, qui t’est réservée dans le ciel, jamais personne ne t’ordonnera d’en sortir. Tu n’es donc qu’un étranger en ce monde; voilà pourquoi nous lisons, dans un autre psaume, ces paroles: « Je suis auprès de vous un étranger et un pèlerin, comme l’ont été tous mes pères2 ». Sur la terre, nous sommes des étrangers : le Seigneur nous donnera une habitation éternelle dans les cieux. «Il y a », dit le Sauveur, « plusieurs demeures dans la maison de mon Père3». Ces demeures, il ne les donnera pas comme à des étrangers, mais comme à des citoyens destinés à y rester toujours. Cependant, comme l’Eglise n’est pas établie sur la terre pour quelques années seulement, mais qu’elle doit y rester jusqu’à la consommation des siècles, c’est avec raison que l’ensemble de ses enfants s’exprime ainsi : « Je « serai étranger dans votre tente pendant « tous les siècles». Que l’ennemi emploie sa malice et ses forces à me persécuter, qu’il m’attaque en face, qu’il me tende des piéges, qu’il multiplie les scandales, qu’il remplisse mon coeur d’angoisses, peu importe : « Je serai un étranger dans votre tente pendant « tous les siècles ». L’Eglise ne succombera pas : elle ne sera pas ébranlée; les plus violentes épreuves la trouveront invincible enfin viendra la consommation des siècles alors nous sortirons de notre demeure du temps, pour entrer dans celle de notre éternité, où nous conduira celui qui est devenu notre espérance. « Je serai étranger dans votre tente jusqu’à la fin des siècles». Nous pouvons donc lui dire : Si tu es longtemps étranger, tu lutteras sur la terre contre une multitude d’épreuves, car si la durée de l’Eglise ici-bas devait être courte, bientôt finiraient les méchancetés insidieuses du tentateur. Je comprends. Tu voudrais que les jours de l’épreuve fussent en petit nombre; mais si l’Eglise ne devait rester que peu de temps au milieu du monde, si son existence ne devait se prolonger jusqu’à la fin, commemit parviendrait-elle à réunir, dans son sein, tous ses enfants? Ne porte pas envie à tous ceux qui doivent venir après toi dans la suite des ans; et, parce que tu as franchi le torrent, veuille ne point couper le pont que la miséricorde divine a établi pour le passage de ceux qui te suivront : laisse-le subsister jusqu’à la fin des temps. Que dire maintenant des tentations qui deviendront nécessairement de plus en plus nombreuses, à mesure que se multiplieront les scandales? Le Sauveur a dit : « Parce que l’iniquité se répandra avec abondance, la charité de plusieurs se refroidira ». Mais l’Eglise, qui fait entendre ses cris d’une extrémité de la terre à l’autre, se compose de ceux dont il est dit ensuite « Celui qui persévérera jusqu’à la fin, sera sauvé4». Toutefois, comment pourras-tu persévérer? Où puiseras-tu des forces pour résister à un si grand nombre de scandales, de tentations et d’attaques? Où prendras-tu la force nécessaire pour triompher d’un ennemi invisible? Est-ce en toi-même? Puisque le corps des fidèles sera étranger ici-bas pendant tous les siècles, d’où lui viendra l’espérance de subsister toujours, et de ne pas succomber? « Je me mettrai à couvert sous vos ailes ». Voilà le motif de notre sécurité au milieu des épreuves, en attendant que les siècles se consomment, et que l’éternité nous reçoive : nous sommes à couvert sous les ailes de Dieu. Le monde est consumé par une chaleur brûlante; mais on trouve une ombre bienfaisante sous les ailes de Dieu. « Je me mettrai à couvert sous vos ailes »