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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXI.

6.

« Cependant ils ont conspiré en eux-mêmes pour me ravir ma gloire ». Tous se sont-ils déclarés contre un seul ? Un seul s’est-il déclaré contre tous? Tous se sont-ils levés contre tous? Un seul l’a-t-il fait contre un seul? Quand le Prophète dit: « Vous accablez un homme », il ne parle que d’un seul; et quand il ajoute: « Faites-le tous mourir», il indique une conspiration de tous contre un seul; mais c’est, à vrai dire, une conspiration de tous contre tous, puisqu’elle est dirigée contre tous les chrétiens unis en un seul corps.

Maintenant, des diverses erreurs opposées au Christ, de ses différents ennemis, peut-on dire qu’ils ne font qu’un, ou doit-on les désigner sous le nom de tous? Oui, j’ose dire qu’ils ne font qu’un, car il y a une seule ville et une seule ville, un seul peuple et un seul peuple, un seul roi et un seul roi. Et quand je dis: Il y aune seule ville et une seule ville, j’entends une seule Babylone et une seule Jérusalem. Qu’on leur donne d’autres noms mystérieux, peu importe; car, eu réalité, il n’y a que deux villes, l’une qui a pour roi le démon, l’autre que gouverne le Christ. Il y a, dans l’Evangile, un passage qui me frappe singulièrement et dont le sens ne vous échappe point; le voici : Plusieurs personnes avaient été invitées aux noces, sans distinction aucune entre les bons et les méchants, et la salle du festin se trouvait remplie de convives, car des serviteurs avaient été envoyés de tous côtés avec ordre d’amener au repas tous ceux qu’ils trouveraient, sans faire attention à ceux qui le méritaient et à ceux qui en étaient indignes: le roi entra alors pour voir ceux qui étaient à table; et, apercevant un homme qui n’avait point la robe nuptiale, il lui adressa ces paroles que vous connaissez: « Mon ami, pourquoi es-tu venu ici, puisque tu n’as pas la robe nuptiale? Celui-ci garda le silence ». Le roi commanda qu’on lui liât les pieds et les mains, et qu’on le jetât dans les ténèbres extérieures. Ce malheureux fut donc enlevé de vive force de la salle du festin et précipité dans les tourments. Quel était cet homme? Quelle place tenait-il, quel nombre représentait-il au milieu de cette foule de convives? Le Seigneur a voulu nous faire comprendre que cet homme représentait à lui seul un corps composé d’un grand nombre de membres; après nous avoir dit que le roi donna ordre de jeter cet homme hors de la salle, et de le précipiter dans les tourments qu’il avait mérités, il a, en effet, immédiatement ajouté:

« Car il y en a beaucoup d’appelés, et peu d’élus1 ». Comment? Vous avez invité au festin une foule d’hommes: un grand nombre s’y sont rendus: vous avez commandé, vous avez fait annoncer partout le repas des noces, le nombre des conviés s’est démesurément accru2, la chambre nuptiale s’est trouvée remplie de convives, un seul d’entre eux a été exclu de l’assemblée, et vous dites: « Il y en a beaucoup d’appelés, et peu d’élus? » Ne serait-il pas plus exact de dire: Tous sont appelés, il y en a beaucoup d’élus: un seul a été renvoyé. Si le Seigneur disait : Beaucoup ont été appelés; la plupart d’entre eux ont été choisis; quelques-uns d’entre eux ont été réprouvés, il serait assez naturel de penser que ce petit nombre d’hommes réprouvés se trouvent représentés par l’homme qui fut seul exclu ; mas ce n’est pas ainsi qu’il s’exprime; il dit d’abord qu’un seul des invités a été renvoyé, puis il ajoute: « Il y en a beaucoup d’appelés et peu d’élus ». Si ceux qui sont restés dans la salle du festin ne sont pas les élus, où les trouver? L’homme réprouvé en a été chassé, les élus y sont restés: il y a peu d’élus, parce que ce malheureux réprouvé en représente, dans sa personne, une multitude d’autres. Tous ceux dont les désirs ne s’élèvent pas au-dessus de ce bas monde, qui préfèrent à Dieu les joies de la terre, qui cherchent leur avantage, et non la gloire de Jésus-Christ3, tous ceux-là sont les citoyens d’une seule et même ville, de la Babylone mystique quia pour roi le démon; de même, cette autre ville, que le Christ gouverne, se compose de toutes les personnes animées de sentiments célestes, dont les pensées sont toutes spirituelles, qui vivent ici-bas avec tremblement, dans la crainte d’offenser Dieu; qui s’efforcent de ne point commettre le péché, et ne rougissent point d’avouer leurs fautes lorsqu’elles ont eu le malheur d’en commettre: en un mot, elle compte pour habitants les hommes humbles et doux, les chrétiens qui sont devenus saints, justes, pieux et bons. Babylone a paru la première en ce monde; mais si elle l’emporte par son ancienneté, elle est loin de l’emporter sous le rapport de l’excellence et de la gloire: elle est donc l’aînée Jérusalem est plus nouvelle; son existence date d’une époque moins éloignée de nous. La première remonte à Caïn, la seconde à Abel. A chacune de ces deux villes appartient une société d’hommes d’un caractère particulier, que gouverne un roi différent de l’autre ; toujours opposées l’une à l’autre, ces deux sociétés lutteront ensemble jusqu’à la fin du monde; aujourd’hui leurs membres se trouvent confondus ensemble, mais alors aura lieu leur séparation: les uns seront placés à droite, et les autres à gauche; aux uns l’on dira: « Venez, bénis de mon a Père, possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde»; et aux autres: « Allez au feu éternel, qui a été préparé pour le démon et ses anges4». Elevé, le jour de son triomphe, au-dessus de tout, le Roi de la Ville sainte, le Christ dira à ses sujets : « Venez, bénis de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde ». A ceux qui seront à sa gauche, aux habitants de la ville des pécheurs, il tiendra un autre langage « Allez au feu éternel». Fera-t-il une distinction entre le roi de cette ville et ses sujets ? Non, car il ajoutera: « Qui a été préparé pour le démon et ses anges ».


  1. Matth. XXII, 10-14.  ↩

  2. Ps. XXXIX, 6. ↩

  3. Philip. II, 21.  ↩

  4. Matth. XXV, 34, 41. ↩

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