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Werke Augustinus von Hippo (354-430) Enarrationes in psalmos Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXI.

22.

Quand un homme fait mourir un innocent, fait-il bien ou mal ? Certes, il fait mal. Pourquoi Dieu lui permet-il d’agir ainsi? Avant de faire cette question, ne devrais-tu pas te souvenir que tu dois à Dieu ce commandement : « Partage ton pain avec le pauvre abrite ceux qui n’ont point d’asile, donne des vêtements à celui qui en manque1?» La justice, de ta part, consiste à observer cette prescription divine : « Lavez-vous de vos taches, purifiez-vous : dépouillez-vous de votre malignité, éloignez-la de mes yeux apprenez à faire le bien, à rendre justice à l’orphelin et à la veuve; puis vous viendrez, et nous discuterons ensemble, dit le Seigneur2 ». Tu prétends discuter avec Dieu commence par te rendre digue d’engager cette discussion, en accomplissant tes devoirs, et alors tu demanderas au Tout-Puissant raison de ses actes. O homme, il ne m’appartient pas de te faire connaître les desseins de l’Eternel : je n’en ai pas le pouvoir ; je me borne à te dire que le meurtre d’un innocent est un crime, et que ce crime n’aurait pas lieu, si Dieu ne le permettait pas ; et de ce qu’un homme se soit rendu coupable d’une telle faute, il ne suit pas du tout que le Seigneur ait participé à cette iniquité en la permettant. Sans examiner la cause de cet homme, au sort duquel tu t’intéresses si vivement, et dont la mort te fait verser des larmes : je pourrais te dire dès maintenant qu’il n’aurait pas été assassiné, s’il n’avait pas été coupable, et, par là, je me trouverais en opposition avec toi, puisque tu soutiens son innocence : encore une fois, je pourrais te fàire cette réponse ; car, pour appuyer ton assertion sur une base sûre, pour dire avec apparence de raison, que cet homme a été injustement mis à mort, il faudrait avoir préalablement scruté son coeur jusque dans les plus secrets replis, examiné à fond tous ses actes, et disséqué chacune de ses pensées: or, tu ne l’as pas fait : je serais donc à même de clore ici la discussion. Mais tu me parles d’un juste;qu’on a pu, sans contredit et sans aucun doute, appeler de ce nom : d’un juste qui n’avait commis aucune faute, et que, néanmoins, les pécheurs ont fait mourir, qu’un traître a livré aux mains de ses ennemis: tu me donnes pour exemple le Christ lui-même : certes, nous ne pouvons dire qu’il y ait eu en lui aucun péché , puisqu’il payait des dettes qu’il n’avait pas contractées3. Que répondre à cette objection ? — Je te tiens, me diras-tu. — Moi aussi je te tiens. Tu me proposes une difficulté relativement au Christ : il me servira lui-même à la résoudre. Nous savons quels ont été les desseins de Dieu à l’égard de son Fils : il a lui-même pris soin de dissiper à cet égard notre ignorance. Puis donc que tu connais les motifs pour lesquels le Seigneur a permis à des scélérats de faire mourir son Fils, et que ses desseins sont de nature à obtenir ton assentiment, et, si tu es juste, à ne point te révolter, tu dois croire aussi qu’à l’égard des autres Dieu a ses vues, quoique tu ne les connaisses pas.

Mes frères, il a fallu le sang d’un juste pour effacer la cédule de nos péchés: nous avions besoin d’un exemple de patience et d’humilité : le signe de la croix était nécessaire pour triompher du démon et de ses anges4. Il était indispensable pour nous que Notre Seigneur souffrit, car il a racheté le monde par sa passion. De quels bienfaits ses souffrances ont été pour nous la source ! Toutefois, le Sauveur, le juste par excellence, ne les aurait jamais endurées, si les pécheurs ne l’avaient attaché à la croix. Mais est-ce bien à ses bourreaux qu’il faut imputer les heureux résultats de sa mort ? Non: ils l’ont voulue, Dieu l’a permise: la volonté seule de faire périr Jésus-Christ aurait suffi à les rendre criminels mais Dieu n’aurait point permis une pareille mort, s’il y eût eu injustice à le faire. Les Juifs ont voulu tuer le Sauveur : supposons qu’un obstacle se soit opposé à la perpétration de leur crime, seraient-ils pour cela innocents ? Personne n’oserait ni le penser ni le dire. « Car le Seigneur examine le juste et le pécheur5 », et « il pénètre jusque dans les pensées de l’impie6 ». Il recherche, non pas ce qu’on a pu taire, mais ce qu’on a voulu faire. Si donc les Juifs avaient voulu faire mourir le Christ, sans pouvoir toutefois parvenir à leurs fins, ils n’en seraient pas moins coupables; mais tu n’aurais pas reçu les bienfaits dont sa passion a été la source. Les impies ont donc agi de manière à le faire condamner: Dieu a permis cette condamnation, afin d’opérer ton salut. Ce que l’impie a voulu faire, lui est imputé à crime ; ce que Dieu a permis est venu de sa puissance : la volonté des Juifs a été contraire aux lois de la justice : la permission que Dieu leur a donnée y a été conforme. Aussi, mes frères, le scélérat qui a trahi le Sauveur, Juda et les bourreaux du Christ, étaient, les uns et les autres, des méchants, des impies et des pécheurs; tous étaient dignes de condamnation : et, pourtant, le Père « n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous7». Distingue, discerne, si tu le peux : offre à Dieu les voeux que tu as faits avec tin sage discernement8. Vois ce qu’a fait le Juif prévaricateur : vois ce qu’a fait le Dieu juste : l’un a voulu faire mourir le Christ, l’autre l’a permis : la conduite de celui-ci est digne de louanges, la conduite de celui-là mérite le blâme le plus sévère. Condamnons les intentions perverses des pécheurs : glorifions les desseins équitables du Très-Haut. Le Christ est mort : quel mal a-t-il éprouvé? Ceux qui ont travaillé à sa perte, se sont perdus eux-mêmes. Mais, pour lui, ils n’ont pu lui causer aucun dommage, même en le livrant au dernier supplice. En mourant dans sa chair, il a porté à la mort le coup de grâce, il nous a enseigné la patience, et nous a donné, dans sa résurrection, le modèle de la nôtre. Quelle précieuse occasion de faire le bien les méchants ont-ils fournie au juste, en le faisant mourir? T’aider par sa grâce à faire le bien, tirer le bien du mal même que tu fais, n’est-ce pas une des preuves les plus sensibles de la grandeur de Dieu? Ne t’en étonne pas. Quand il permet de faire le mal, ce n’est point sans motifs : il ne le fait, du reste, qu’avec poids, nombre et mesure : sa conduite est à l’abri de tout reproche. Pour toi, fais seulement tous tes efforts pour lui appartenir; mets eu lui ta confiance; qu’il soit ton soutien et ton salut; qu’en lui tu trouves un asile inviolable, une imprenable forteresse; qu’il soit ton refuge, et il ne permettra pas que tu sois tenté au-dessus de tes forces, et il t’en fera sortir avec avantage, en sorte que tu seras à même de supporter l’épreuve9. Lorsque tu es éprouvé par la tentation, tu dois voir en cela l’action de sa puissance; mais sa miséricorde se manifeste, quand il ne permet pas que tu soit tenté au-delà de tes forces. « La puissance est à Dieu, et à vous, Seigneur, appartient la miséricorde : aussi vous rendrez à chacun selon ses oeuvres ».

Après l’explication de ce psaume, comme on montrait au milieu du peuple un homme qui s’était livré à l’astrologie judiciaire, Augustin ajouta :

Dans l’ardeur de sa soif, l’Eglise veut faire entrer aussi dans son corps, l’homme que vous avez sous les yeux. Dès lors il vous est facile de comprendre combien il en est parmi les chrétiens pour la bénir du bout des lèvres, et la maudire du fond du coeur. Autrefois chrétien fidèle, il revient aujourd’hui à elle dans les sentiments de pénitence et de crainte salutaire que lui inspire la puissance divine, et vient se jeter dans les bras de la miséricorde du Tout-Puissant. D’abord fidèle à sa foi et à ses devoirs, il a été séduit par l’ennemi, et il est devenu astrologue. Après avoir été lui-même séduit, il a séduit les autres; après avoir été trompé, il s’est fait trompeur; il en a attiré à son erreur; il les a jetés dans l’illusion, il a proféré quantité de mensonges contre le Dieu qui a donné aux hommes le pouvoir de faire le bien, et non celui de faire le mal. Il disait que l’adultère et l’homicide ne sont pas l’effet de notre volonté; que Vénus est l’auteur du premier, et Mars du second ; il ajoutait que la source de la justice se trouve, non pas en Dieu, mais en .Jupiter : enfin, mille autres blasphèmes abominables sont sortis de sa bouche. A combien de chrétiens il a extorqué de l’argent? Vous vous en feriez difficilement une idée. Que de fidèles ont acheté ses mensonges ! Pourtant, nous leur disions: Enfants des hommes, jusques à quand aurez-vous le coeur lourd? Pourquoi aimez-vous la vanité et cherchez-vous le mensonge10? Maintenant, s’il faut l’en croire, il déteste le mensonge et reconnaît qu’avant d’en tromper tant d’autres il avait été lui-même la dupe du démon. Nous pensons, mues Frères, qu’une grande frayeur a été la cause de sa conversion. Qu’ajouterons-nous? Si cet astrologue abandonnait aujourd’hui le paganisme pour entrer dans l’Eglise, nous en ressentirions, sans doute, une grande joie; mais ne devrions-nous pas craindre que le mobile de sa conversion fût un secret désir d’entrer dans la cléricature ? Celui-ci est pénitent; il ne demande qu’indulgence et pardon. Ouvrez donc les yeux sur lui; dilatez vos coeurs en faveur de cet homme repentant, nous vous en conjurons: celui que vous voyez, aimez-le du fond de vos entrailles ; portez incessamment sur lui vos regards. Considérez-le bien ; apprenez à le connaître, et partout où il ira, montrez-le à ceux de vos frères qui ne sont point ici : ces soins et cette vigilance seront, de votre part, une oeuvre de miséricorde, qui empêchera ce séducteur de se détourner du bien et de redevenir l’ennemi de la vérité. Soyez ses gardiens; que ses discours et sa conduite n’aient rien de caché pour vous : votre témoignage servira à nous assurer qu’il est vraiment revenu à Dieu. Ainsi placé sous votre surveillance, ainsi recommandé à votre compassion, il n’aura plus rien de caché pour vous. Vous savez, par les Actes des Apôtres, qu’un grand nombre d’hommes perdus, c’est-à-dire exerçant la même profession, et soutenant des doctrines perverses, apportèrent aux pieds des disciples du Sauveur tous leurs livres : on en brûla alors un si grand nombre, que l’Ecrivain sacré a cru devoir les estimer, et en consigner la valeur dans son récit11. Il l’a fait, sans doute, pour la plus grande gloire de Dieu et pour empêcher de tels hommes de désespérer de la bonté de celui qui sait, quand il le veut, chercher ce qui était perdu12. Celui-ci était perdu; mais Dieu l’a cherché, il l’a retrouvé, il l’a ramené; cet homme rapporte avec lui, pour les faire brûler, des livres qui devaient le condamner au feu éternel; du foyer ardent où ils seront bientôt consumés, il tirera pour son âme un véritable rafraîchissement. Sachez-le pourtant, mes frères, il y a longtemps qu’il frappe à la porte de l’Eglise, il avait commencé à le faire avant Pâques : dès avant Pâques, il demandait à l’Eglise chrétienne un remède à ses maux. Mais comme l’art dont il a fait profession, le rendait un peu suspect de mensonge et de dissimulation, nous avons cru devoir différer de le recevoir, dans la crainte d’être trompé; mais, enfin, nous l’avons reçu, pour ne pas l’exposer à une nouvelle et plus dangereuse tentation. Offrez donc à Dieu, pour lui, vos prières par la médiation du Sauveur. Que chacun de vous conjure aujourd’hui le Seigneur de lui faire miséricorde; car nous savons, et nous en sommes sûr, que vos prières effacent toutes ses impiétés. Que Dieu soit avec vous !


  1. Isaïe, LVIII, 7.  ↩

  2. Isaïe, I, 16-18, ↩

  3. Ps. LXVIII, 5.  ↩

  4. Coloss. II, 14, 15.  ↩

  5. Ps. X, 6.  ↩

  6. Sag. 1, 9. ↩

  7. Rom. VIII, 32.  ↩

  8. Ps. LXV, 13. ↩

  9. I Cor. X, 13.  ↩

  10. Ps. IV, 3. ↩

  11. Act. XIX, 19.  ↩

  12. Luc, XV, 32. ↩

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Discours sur les Psaumes

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