2.
Le psaume qui nous occupe en ce moment a donc trait à la personne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, considéré comme chef et corps de l’Eglise tout ensemble. Comme chef, il est le fils de Marie, qui a souffert, qui a été enseveli, qui est ressuscité et monté au ciel, qui est assis à la droite du Père, et intercède pour nous auprès de lui. Il est notre chef, nous sommes ses membres ; car il est le chef de l’Eglise, qui est répandue par toute la terre; elle est son corps : à ce corps appartiennent non-seulement les fidèles aujourd’hui vivants, mais encore ceux qui ont existé avant nous, et ceux qui viendront après nous jusqu’à la consommation des siècles; la tête de ce corps, c’est le Christ qui est monté aux cieux1.Nous ne pouvons donc ignorer quel est le chef de l’Eglise,quel en est le corps: Jésus-Christ est le chef; le corps, c’est nous. Aussi, quand nous entendons parler le Sauveur, nous devons reconnaître dans ses paroles, celles du chef et celles de ses membres ; car tout ce qu’il a souffert, nous le souffrons en lui et avec lui, et tout ce que nous souffrons, il le souffre cri nous et avec nous. Dans le corps humain, la tête souffre-t-elle sans que la main partage ses douleurs ? La main, à son tour, peut-elle endurer quelque douleur, sans que la tête en ressente aussi les atteintes? Le mal qui torture le pied, ne torture-t-il pas en même temps la tête? Aussi, qu’un de nos membres vienne à souffrir, tous nos autres membres se hâtent pour ainsi dire, de compatir à ses douleurs, et par là même de contribuer à les alléger d’où je conclus avec raison, que si nous avons souffert en sa personne quand il souffrait, il souffre aussi en nous lorsque nous souffrons; quoique monté au ciel, et assis à la droite de son Père, il partage les tribulations, les épreuves, les extrémités et les tourments où son Eglise se trouve exposée, où elle doit se purifier, comme l’or se purifie dans le creuset. Que nous ayons souffert en sa personne , j’en trouve la preuve dans les épîtres de saint Paul : « Si vous êtes morts avec Jésus-Christ à ce bas monde, pourquoi le laissez-vous vous imposer des lois, comme si vous étiez encore vivants2?». «Notre vieil homme» , dit-il ailleurs, « a été crucifié avec lui, afin que la chair du péché fût détruite en nous.3» Si donc nous sommes morts avec le Christ, nous sommes aussi ressuscités avec lui. « C’est pourquoi », ajoute le même Apôtre, « si vous êtes ressuscités avec Jésus-Christ, recherchez ce qui est au ciel, où Jésus-Christ est assis à la droite de Dieu ; n’ayez d’affection que pour les choses du ciel, et non pour celles de la terre4 ». Nous sommes donc morts et ressuscités avec le Christ; j’ajoute qu’il meurt lui-même et ressuscite avec nous ; car ne l’oublions pas, il est tout à la fois le chef et le corps de son Eglise; par conséquent, ses paroles sont les nôtres comme nos paroles sont les siennes. Ecoutons donc les différents versets de ce psaume, et reconnaissons-y les paroles du Christ lui-même.