15.
« Je me souviendrai de vous sur ma couche, et, dès le matin, je méditerai vos merveilles, parce que vous êtes mon protecteur1 ». Ce lit du Prophète, c’est son repos. Puisse celui qui jouit du repos, ne pas oublier le Seigneur! Plaise à Dieu que celui qui est tranquille, ne se laisse pas corrompre, et ne perde point le souvenir du Tout-Puissant! Et dès lors qu’il en sera ainsi, il gardera le souvenir du Seigneur dans tout ce qu’il fèra. Par le point du jour il entend les actions de l’homme, parce que, dès le matin, chacun se met au travail. Que dit-il donc? ou plutôt, que veut-il dire par ces paroles : « Je me souviendrai de vous sur ma couche, et dès le matin je méditerai vos merveilles? » Il veut dire : Si je ne me souviens pas de vous sur ma couche, je ne serai pas davantage disposé, dès Je matin, à niéditer vos merveilles; car celui qui oublie Dieu au sein du repos, pensera-t-il à lui au moment d’agir? Mais l’homme qui eu garde le souvenir pendant le repos, ne l’oublie pas non plus dans l’action ; car il craint alors de tomber en défaillance. « Et dès le matin je méditerai vos merveilles, parce que vous êtes mon protecteur ». De fait, si Dieu ne venait à notre secours, jamais nous ne serions capables d’opérer le bien et d’accomplir nos devoirs. Nos actions doivent être marquées au coin de l’honnêteté : et puisque Jésus-Christ nous instruit de ce que nous avons à faire, notre conduite doit être lumineuse et pure. L’Apôtre nous en avertit : « Celui qui fait mal », dit-il, « agit dans les ténèbres, et non pas aux premiers rayons du soleil. Ceux qui s’enivrent, s’enivrent pendant la nuit; et ceux qui dorment, dorment pendant la nuit: pour nous, qui sommes des enfants de lumière, soyons sobres». Il nous recommande de vivre honnêtement, et de marcher à la lumière du jour. « Marchons avec honnêteté, comme au grand jour2. Parce que», ajoute-t-il, « vous êtes les enfants du jour et de la lumière, et non les enfants de la nuit et des ténèbres3 ». Quels sont ces enfants de la nuit et des ténèbres? Ce sont ceux qui font toujours le mal. Et ils sont à tel point des enfants de la nuit, qu’ils craignent de laisser voir leurs oeuvres : ils ne font le mal en public, que quand beaucoup d’autres agissent de la sorte : et lorsqu’ils sont presque seuls à le faire, ils se cachent. Pour commettre publiquement le péché, on se trouve, à la vérité, exposé à la lumière du soleil, mais on est plongé dans les ténèbres du coeur. Il n’y a donc, pour agir dès le matin, que ceux qui se conduisent chrétiennement. Celui qui se souvient du Christ pendant le repos, s’en souvient aussi pendant le cours de toutes ses actions, et le Sauveur lui vient en aide pour l’accomplissement de ses devoirs, afin que sa faiblesse ne l’entraîne point à des chutes déplorables. « Je me souviendrai de vous sur ma couche, et, dès le matin, je méditerai vos merveilles, parce que vous êtes mon protecteur ».