1.
Nous solennisons le jour anniversaire de la mort de saints martyrs : une telle fête doit nous combler de joie, en même temps qu’elle doit nous rappeler leurs souffrances, et les immortelles espérances qui les ont soutenus au milieu de leurs supplices. Jamais ils n’auraient eu assez de force et de courage pour supporter, avec un corps fragile, les tortures auxquelles ils ont été condamnés, s’ils n’avaient eu en vue les inénarrables délices du repos céleste. Pour entrer dans l’esprit de cette solennité, nous allons nous entretenir ensemble de ce psaume. Hier, j’ai entretenu bien longuement votre charité; et, pourtant, il m’est impossible de célébrer ce grand jour, sans remplir encore à votre égard les devoirs de ma charge. Le psaume qui nous occupe en ce moment, a particulièrement trait à la passion du Seigneur : il convient donc d’en donner aujourd’hui l’explication, car les martyrs n’auraient pu se montrer si fermes, s’ils n’avaient porté leurs regards sur celui qui a souffert le premier; ils n’auraient pu souffrir comme lui, s’ils n’avaient eu dans le coeur l’espérance de la résurrection glorieuse, dont il leur a donné la preuve anticipée dans sa personne. Du reste, votre sainteté ne l’ignore pas : Notre-Seigneur Jésus-Christ est notre chef, et tous ceux qui lui sont unis par la charité, sotit ses membres; et quand vous entendez sa voix, vous le savez très-bien, c’est tout à la fois la voix du chef et celle des membres, et cette voix concerne et regarde non-seulement le Seigneur Jésus, qui est déjà monté au ciel, mais encore les membres de ce chef sacré, qui doivent l’y suivre un jour. Reconnaissons donc, dans ce psaume, la parole du Sauveur et la nôtre : et que personne d’entre nous ne dise que nous sommes aujourd’hui exempts de souffrances et de tribu-la lions: car, je vous l’ai dit souvent, si l’Eglise était autrefois battue par la tempête dans la généralité de ses membres, elle est maintenant tourmentée en particulier dans chacun d’eux. Le Seigneur tient enchaînée la puissance du démon, et il n’est pas à même de faire tout le mal qu’il pourrait et voudrait faire ; mais le pouvoir de tenter les fidèles, autant qu’il est utile à leur avancement dans le chemin de la vertu, lui a été laissé. Il ne nous serait nullement avantageux d’être exempts d’épreuves; ne prions donc pas Dieu de nous en préserver, mais demandons-lui la grâce de ne point succomber à la tentation.