2.
Disons-lui donc comme le Prophète « O Dieu , écoutez la prière que je vous adresse dans mon affliction délivrez-moi de la crainte de mon ennemi ». Les ennemis du nom chrétien ont persécuté les martyrs quelle était alors la prière adressée à Dieu par le corps du Christ? li demandait que ses membres fussent délivrés des persécutions de leurs ennemis et n’eussent point, de la part de ceux-ci, à subir le dernier supplice. Leur prière a-t-elle été inutile, parce qu’ils sont morts au milieu des tourments? au sein de la douleur et de l’humiliation, ils ont espéré en Dieu et néanmoins, le Seigneur ne les a-t-il pas abandonnés, comme s’il méprisait leur fidélité et les témoignages de leur suprême confiance? Oh! non, mes frères. «Y a-t-il un seul homme qui ait invoqué Dieu, et se soit vu rejeté de lui? Où est celui qui « a mis son espérance dans le Seigneur, et e qui s’en est trouvé abandonné1? » Leur prière était exaucée, ils succombaient, et néanmoins ils étaient délivrés de la puissance de leurs ennemis. Ceux d’entre les chrétiens qui cédaient à la crainte et aux menaces, on les laissait vivre, et par là même ils devenaient les victimes de leurs adversaires. En mourant, les uns triomphaient; les autres succombaient, même en continuant de vivre: aussi, dans les transports de leur joie et de leur reconnaissance, les martyrs disaient-ils « Si le Seigneur n’avait été avec nous, ils nous auraient dévorés tout vivants2 ». Plusieurs sont devenus, de leur vivant, les victimes de leurs adversaires ; plusieurs autres étaient alors déjà morts. Ceux qui ont regardé comme indigne d’un homme sérieux la foi chrétienne, étaient déjà morts, quand ils ont été anéantis par leurs ennemis ; mais ceux-là ont succombé de leur vivant, au pouvoir des persécuteurs, qui ont reconnu dans l’Evangile l’expression de la vérité, qui voyaient dans le Christ lè Fils de Dieu, qui ont lait profession extérieure de cette vérité qu’ils croyaient de toute la force de leur âme, et qui néanmoins ont faibli au milieu des tortures, et sacrifié aux idoles. Les uns étaient déjà morts, quand ils ont été dévorés par leurs adversaires les autres sont morts, parce qu’ils ont été dévorés. Quoique dévorés vivants, ils n’ont pu survivre à leur défaite. C’est pourquoi telle est la prière des martyrs « Seigneur, délivrez mon âme de la crainte de mes ennemis » . Je ne vous demande pas qu’ils ne me fassent point mourir, mais je vous demande de ne point craindre mon ennemi, lors même qu’il me donnerait le coup de la mort. Le serviteur demande donc, dans cette prière, le courage que le divin Maître exigeait de ses disciples : « Ne craignez pas », leur disait-il, « ceux qui tuent le corps et ne e peuvent tuer l’âme; craignez plutôt celui qui a le pouvoir de tuer le corps et l’âme, et de les précipiter dans la géhenne du feu3. Oui », ajoutait-il en un autre endroit, « oui, je vous le dis, craignez un tel homme4 » Qui sont ceux qui donnent la mort au corps? Ce sont les ennemis. Quelle recommandation fait le Seigneur? De ne pas les craindre. Prions-le donc de nous accorder ce qu’il exige. de nous. « Seigneur, préservez mon âme de la crainte de mon ennemi ». Que je sois à l’abri de la crainte de mon ennemi, mais que la crainte de votre saint nom me domine tout entier. Puissé-je redouter, non point celui qui tue le corps, mais celui qui peut tuer le corps et l’âme, et les précipiter dans la géhenne du feu! Me voir complètement à l’abri de la crainte, ce n’est point là l’objet de mes désirs : ce que je veux, c’est de ne pas craindre mon ennemi, c’est de vous servir, Seigneur, dans la crainte de vos jugements.