3.
« Vous m’avez protégé contre l’assemblée des méchants, contre la multitude de ceux qui commettent l’iniquité1». Ici, portons nos regards sur notre chef. Beaucoup de martyrs ont pu, à juste titre, se plaindre des procédés des méchants et des pécheurs, mais nul -d’entre eux n’a eu à souffrir, de leur part, autant que le Sauveur: en considérant ce qu’il a enduré, nous comprendrons bien mieux ce qu’ils ont supporté. Il a été protégé contre l’assemblée des méchants: Dieu lui accordait son secours; il n’a pas lui-même abandonné son corps à la volonté perverse des pécheurs : Fils de Dieu incarné, Fils de Dieu et Fils de l’homme tout ensemble, Fils de Dieu à cause de la substance divine qu’il possédait, Fils de l’homme, à cause de la forme d’esclave dont il s’était revêtu2, il le protégeait: car il avait le pouvoir de donner sa vie et de la reprendre3. Quel mal ses ennemis ont-ils pu lui faire? Ils ont fait mourir son corps, mais ils n’ont pu faire mourir son âme. Veuillez remarquer ceci. C’eût été peu pour lui d’exciter de bouche ses disciples au martyre: il fallait qu’il leur prêchât d’exemple: ses leçons n’en devaient être que plus puissantes sur leurs coeurs. Vous savez quelles étaient ces assemblées de méchants: c’étaient celles des Juifs; vous connaissez l’iniquité de cette multitude de pécheurs: elle a consisté dans le dessein formé par eux de faire mourir Notre-Seigneur Jésus-Christ. « J’ai opéré sous vos yeux un si grand nombre de bonnes oeuvres: pour laquelle voulez-vous me mettre à mort4 ? » Il avait supporté patiemment les indiscrets empressements de tous leurs malades, guéri tous leurs infirmes, prêché au milieu d’eux la parole de Dieu; il avait mis le doigt sur leurs vices pour leur en inspirer la haine, et non pour leur faire détester le médecin, qui voulait leur rendre la santé de l’âme: au lieu de lui témoigner de la reconnaissance pour tant de guérisons, ils se montrèrent ingrats : à les voir s’emporter contre lui, on eût dit qu’une fièvre violente leur avait ôté le sens, et qu’une sorte de rage les animait à l’égard du bienveillant médecin, qui était venu apporter un remède à leurs maux : ils formèrent donc le projet de le perdre, comme s’ils voulaient s’assurer de ce qu’il était: un homme, comme les autres, sujet à la mort, ou un homme supérieur aux autres, et à l’abri des coups du trépas. Le livre de la Sagesse de Salomon a prédit les paroles qu’ils prononcèrent alors : « Condamnons-le à mourir d’une mort infâme : éprouvons si ce qu’il a dit est véritable. S’il est le Fils de Dieu, que Dieu le délivre5 !» Voyons ce qu’il en est advenu