15.
« Arrosez ses sillons ». Creusons d’abord des sillons qui seront ensuite arrosés que notre coeur trop dur s’ouvre au soc de la parole de Dieu. « Arrosez ses sillons, multipliez ses fruits ». Voilà ce que nous voyons; les hommes croient, leur foi engendre d’autres croyants , et ces croyants d’autres croyants encore : il ne suffit point à l’homme d’être fidèle et de gagner l’unique nécessaire. Ainsi se multiplie la semence; on jette quelques grains et des moissons surgissent. « Arrosez ses sillons, multipliez ses produits, et le germe tressaillera pénétré de ses rosées1 »; c’est-à-dire, avant peut-être qu’elle ne puisse recevoir toute l’eau du fleuve, «quand elle germera, elle tressaillera de sa rosée, ou de ce qui lui est convenable ». Aux enfants, en effet, ainsi qu’aux faibles, on ne donne qu’une faible rosée des mystères, parce qu’ils ne pourraient supporter la vérité dans sa plénitude. Ecoulez quelle douce rosée est donnée aux enfants à leur naissance, ou quand, nouvellement nés, ils sont le moins coupables : « Je n’ai pu», dit l’Apôtre, «vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Jésus-Christ2 » . Quand il dit : « Des enfants en Jésus-Christ », il parle d’enfants déjà nés, mais incapables de goûter cette abondante sagesse, dont il dit : « Nous prêchons la sagesse aux parfaits3 ». Qu’il se réjouisse de ses gouttes de rosée, à sa naissance et pendant son accroissement; devenu parfait, il prendra la nourriture de la sagesse : de même que l’on donne d’abord du lait à un enfant et qu’il devient capable de nourriture; toutefois, c’est de cette nourriture, dont il était d’abord incapable, que s’est formé le lait. « Et quand elle germera, elle se réjouira de quelques gouttes de rosée ».