2.
« Qu’il fasse resplendir son visage sur nous et qu’il nous bénisse1 ». On demandera peut-être ce que c’est que « nous bénir». L’homme souhaite que Dieu le bénisse en bien des manières: celui-ci demande pour bénédiction que le Seigneur comble sa maison des biens nécessaires à cette vie ; celui-là voudrait pour bénédiction l’exemption de toute maladie corporelle; cet autre, malade peut-être, demandera que Dieu le bénisse en lui rendant la santé; un autre encore désire des enfants, et dans son chagrin de n’en voir point naître, voudrait pour bénédiction une postérité. Qui peut énumérer toutes les manières dont les hommes voudraient obtenir de Dieu ses bénédictions? Et qui de nous peut dire que ce n’est point par une bénédiction de Dieu que la campagne donne des récoltes, qu’une maison regorge de richesses temporelles, que nous possédons une santé corporelle inaltérable, ou que nous la recouvrons après l’avoir perdue? La fécondité des épouses, les voeux chastes de ceux qui désirent des enfants, qui en est le maître, sinon le Seigneur notre Dieu? Lui qui a créé quand rien n’était, maintient son oeuvre par les générations successives . Telle est l’oeuvre de Dieu, le don de Dieu. C’est peu pour nous de dire: Voilà l’oeuvre de Dieu, le don de Dieu; mais lui seul fait ces oeuvres et ces dons. Peut-on dire, en effet, que Dieu fait ces oeuvres, et qu’un autre sans être Dieu les fait aussi? C’est Dieu qui les fait, et qui les fait seul. C’est donc vainement qu’on le demande, soit aux hommes, soit aux démons; tout ce que reçoivent les ennemis de Dieu, ils le reçoivent de lui; et quand ils l’obtiennent après l’avoir demandé à d’autres, c’est de lui qu’ils l’obtiennent sans le savoir, De même que, s’ils sont châtiés, et qu’ils attribuent à d’autres ces châtiments, c’est par lui qu’ils sont châtiés à leur insu:
de niéme s’ils se fortifient, s’ils sont rassasiés, sauvés, délivrés, et que dans leur ignorance ils l’attribuent aux hommes, aux démons ou aux anges : ceux-ci ne peuvent rien que par celui qui a tout pouvoir. Si nous parlons ainsi mes frères, c’est afin que, si nous désirons parfois les biens de la terre, ou pour subvenir à nos besoins, ou même à cause de notre faiblesse, nous ne les demandions qu’à celui qui est la source de tout bien, le créateur elle réparateur de toutes choses.
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Ps. LXVI, 2. ↩