5.
« Afin que nous connaissions votre voie sur la terre1» . « Sur la terre», ici-bas, en cette vie « que nous connaissions votre voie». Qu’est-ce que « votre voie?» Celle qui conduit à vous. Que nous sachions où aller, que nous sachions encore par où aller l’un et l’autre nous sont impossibles dans nos ténèbres. Vous êtes loin de ceux qui voyagent, vous nous avez tracé la route par laquelle nous devons retourner à vous : « Que nous connaissions votre voie sur la terre ». Quelle est cette voie de Dieu, puisque nous désirons de « connaître votre voie sur la terre? » C’est à nous de la chercher, sans pouvoir la connaître par nous-mêmes. Nous pouvons l’apprendre de l’Evangile : « Je suis la voie », dit le Seigneur; le Christ a donc dit : «Je suis la voie». Craindrais-tu d’errer ? Il ajoute, « et la vérité ». Qui peut errer dans la vérité? On n’est dans l’erreur que pour avoir dévié de la vérité. Le Christ est la vérité, le Christ est la voie : marche. Crains-tu de mourir avant d’y arriver? «Je suis la vie :je suis», a-t-il dit, « la voie, la vérité et la vie2». Comme s’il disait : Que crains-tu ? Tu marches par moi, tu marches vers moi, tu reposes en moi. Que veut dire alors le Prophète : « Que nous connaissions votre voie sur la terre », sinon que nous connaissions ici-bas votre Christ? Mais que le psaume réponde lui-même; de peur que vous ne pensiez qu’il faut chercher en d’autres endroits de l’Ecriture un témoignage qui manquerait ici, il montre, en reprenant le verset, ce que signifie: « Afin que nous connaissions votre voie sur la terre »; et comme si tu demandais : sur quelle terre et quelle voie ? « Et votre salut », dit-il, « dans toutes les nations ». Tu demandes en quelle terre? Ecoute « Dans toutes les nations. »
Tu demandes quelle voie? Ecoute encore: « Votre salut». Est-ce pour lui-même que le Christ est le salut? Et que disait donc dans l’Evangile ce vieillard Siméon, ce vieillard dont les années se prolongent jusqu’à l’enfance du Verbe? Voilà que ce vieillard prit dans ses mains le Verbe de Dieu enfant. Pourquoi celui qui a daigné habiter les entrailles d’une vierge aurait-il dédaigné d’être dans les bras d’un vieillard ? Il est donc dans les bras du vieillard tel qu’il fut dans le sein de la Vierge; faible enfant dans les entrailles maternelles et dans les mains séniles, pour nous donner la force, lui par qui tout a été fait (si tout est par lui, sa mère est aussi par lui) : il est venu humble, infirme, et toutefois d’une infirmité qui doit changer : « Car s’il a été crucifié dans l’infirmité de la chair, il vit néanmoins dans la force de Dieu3 », dit l’Apôtre. Il était donc dans les mains du vieillard. Et que lui dit ce vieillard ? Que dit-il, en se félicitant d’être bientôt délivré, en voyant qu’il tient dans ses bras celui par qui et en qui doit lui venir le salut ? « Seigneur », dit-il, « laissez maintenant votre serviteur allez en paix, puisque mes yeux ont vu votre salut4. Que « Dieu donc nous bénisse, qu’il ait pitié de nous, qu’il fasse briller sur nous les rayons de sa face, afin que nous connaissions votre voie en cette vie». Sur quelle terre? «Dans toutes les nations ». Quelle voie? « Votre « salut ».