8.
Vois aussi par le verset suivant que c’est bien la grâce qui se construit cet édifice, bien que ceux dont elle le construit ne l’aient prévenue par aucun mérite. « C’est lui qui dans sa force délivre les captifs ». Car il brise les entraves pesantes du péché, qui leur faisaient obstacle pour marcher dans la voie des commandements : il les délivre avec cette force qu’ils n’avaient pas avant sa grâce. « Il en est de même de ces rebelles qui habitent les sépulcres1 »; c’est-à-dire de ces pécheurs tout à fait morts, qui ne s’occupent que d’oeuvres mortes. Ceux-ci sont rebelles, en effet, en résistant à la justice. Pour ces autres, qui sont captifs, ils voudraient peut-être marcher, mais ils ne le peuvent; ils prient Dieu de leur en donner le pouvoir et lui disent : « Délivrez-moi de mes chaînes2 »; et lorsque Dieu les exauce, ils lui rendent grâce en disant : « Vous avez brisé mes chaînes3 ». Quant à ces rebelles qui habitent les sépulcres, ils ressemblent à ceux dont l’Ecriture a dit ailleurs : « Un mort, non plus que s’il n’existait pas, ne loue point le Seigneur4 ». De là cette autre sentence: « Quand le pécheur est descendu au fond de l’abîme, il dédaigne5». Il y a une différence entre désirer la justice et la combattre; entre vouloir secouer le joug du mal, et défendre ses fautes plutôt que d’en faire l’aveu : or, la grâce du Christ délivre les uns et les autres dans sa force. Quelle force, sinon la force de résister au péché jusqu’à en mourir? Car les uns et les autres de ces hommes deviennent propres à entrer dans la construction du sanctuaire de Dieu, les uns par la délivrance, les autres par la résurrection. Il ne fallut au Christ qu’un ordre pour délier cette femme que Satan tenait courbée vers la terre depuis dix-huit ans6, et qu’un cri pour triompher de la mort de Lazare7. Celui qui a opéré ces merveilles sur des corps, peut en produire de bien plus admirables dans nos coeurs, et faire « que nous n’ayons qu’une âme pour habiter dans un même palais, en délivrant les captifs dans sa puissance, ainsi que les rebelles qui habitent les sépulcres ».