18.
« Car le Seigneur a exaucé les pauvres ». Il a exaucé les pauvres, et il ne les eût point exaucés, s’ils n’eussent vraiment été pauvres. Veux-tu être exaucé? Sois pauvre: que ce soit la douleur, et non le dégoût, qui crie en toi. « Car le Seigneur a exaucé les pauvres, et n’a point méprisé ses captifs1 ». Il a enchaîné les serviteurs qui l’avaient offensé mais quand ils ont crié dans leurs entraves, il ne les a point méprisés. Quelles sont ces entraves? Une chair mortelle, une chair corruptible, telles sont les entraves qui nous enchaînent. Et voulez-vous connaître combien ces chaînes sont lourdes? C’est de là qu’il est dit: « Le corps qui se corrompt appesantit l’âme2». Quand les hommes veulent s’enrichir ici- bas, ils cherchent des lambeaux pour couvrir ces entraves. Mais que ces entraves te suffisent pour vêtements, ne cherche rien au-delà de ce qui suffit pour subvenir à la nécessité. Chercher le superflu, c’est vouloir appesantir tes chaînes. Dans une semblable détresse, qu’il ne reste simplement que tes entraves. Qu’à chaque jour suffise sa peine3. C’est là cette peine qui nous fait crier vers le Seigneur : « Parce que le Seigneur a exaucé les pauvres, et n’a point dédaigné ses captifs».