12.
Pourquoi parlé-je ainsi? « Parce que mes ennemis on-t parlé contre moi, et ceux qui épiaient ma vie se sont concertés en disant : Voilà qu’il est abandonné de Dieu; poursuivez-le, saisissez-le, car il n’est personne pour le délivrer1». Voilà ce qui est dit du Christ. Cette puissance de divinité qui le rend égal à son Père, lui avait fait ressusciter les rnorls; et quand il tombe entre les mains de ses ennemis, le voilà faible et saisi comme un homme sans force. Comment l’eût-on saisi, si ses ennemis n’eussent dit d’abord « Dieu l’a délaissé? » De là cette plainte qu’il exhale sur la croix : « O Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné2? » Mais Dieu avait-il bien abandonné’ son Christ, lui qui était alors dans le Christ, se réconciliant le monde3? Et ce Christ, né des Juifs selon la chair, était Dieu, et Dieu par-dessus toutes choses, béni dans tous les siècles4. Dieu donc l’avait-il abandonné? Point du tout. Mais il parle ici en notre nom, au nom de notre vieil homme crucifié avec lui5; c’est encore de ce vieil homme qu’il avait pris un corps, puisque Marie était fille d’Adam. Il s’appropriait donc la pensée de, ses ennemis, quand il disait sur la croix : « Pourquoi m’avez-vous abandonné6? » D’où leur vient la pensée malheureuse que vous m’avez abandonné? « Car s’ils eussent connu le Seigneur de la gloire, ils ne l’eussent point crucifié7. Poursuivez-le et saisissez-le ». Toutefois, mes frères, ces paroles conviennent mieux aux membres du Christ, et nous devons y retrouver nos propres paroles; car c’est en notre nom que le Christ les a proférées, et non dans sa puissance et dans sa majesté. C’était dans l’humanité dont il s’était revêtu pour nous, et non dans cette puissance qui nous a créés.