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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXX.
PREMIER DISCOURS SUR LE PSAUME LXX.

17.

« Car je n’ai point connu le trafic». Ce qui me porte à vous «bénir tout le jour», dit le Prophète, «c’est que je ne connais point le négoce1 ». Quel est ce négoce? Que les trafiquants écoutent, et changent de vie; qu’ils ne soient plus ce qu’ils ont été, qu’ils désavouent, qu’ils oublient leur passé; enfin qu’ils n’aient pour ce passé ni approbation ni louange; qu’ils le blâment et le condamnent, qu’ils se corrigent si le trafic est un péché. Car de là vient ce je ne sais quel besoin d’acquérir, qui vous porte au blasphème, ô trafiquants, dès que vous essuyez quelque perte; et dès lors vous ne louez pas Dieu durant tout le jour. Et quand il vous arrive de tromper sur le prix des marchandises, et que non contents de mentir, vous ajoutez le serment au mensonge ; comment la louange de Dieu est-elle dans votre bouche pendant tout le jour, alors que, si vous êtes chrétiens, vos paroles sont une cause de blasphème contre le nom du Seigneur2? et l’on dit : Voilà des chrétiens ! Si donc le Psalmiste chante le Seigneur pendant tout le jour, parce qu’il ignore le trafic, que les chrétiens se corrigent et ne trafiquent plus. Mais, me dira un négociant: je fais venir de bien loin des marchandises, dans ces lieux où elles ne se trouvent point, et afin de vivre, je cherche le bénéfice de ma peine, en vendant au-dessus du prix d’achat. Comment vivre autrement, et n’est-il pas écrit : « L’ouvrier est digne de son salaire3? » Mais il s’agit ici de mensonge et de parjure; ce n’est point le défaut du négoce, c’est le mien propre : car il ne m’est pas impossible, si je le veux, de m’exempter de ce défaut. Je ne veux donc pas attribuer au négoce une faute qui m’est propre : si je ments, c’est moi qui ments, et non le négoce. Je pourrais dire : J’ai acheté àtel prix, je revends à tel autre : achetez si cela vous agrée. Une telle franchise n’éloignerait pas les acheteurs, tous viendraient au contraire, appréciant ma loyauté plus que iries marchandises. Ainsi donc, me dira-t-on, conseillez-nous de ne recourir ni au mensonge ni au parjure, mais non de renoncer au négoce qui me fait vivre. Où irai-je si vous me tirez de là? Deviendrai-je artisan? Cordonnier, ferai-je des chaussures? Les cordonniers ne sont-ils point menteurs ? Ne sont-ils point parjures? Quand ils ont vendu une chaussure et en ont reçu le prix, ne laissent-ils pas l’ouvrage déjà commencé, pour se mettre à un autre, trompant ainsi celui qu’ils avaient promis de satisfaite bientôt? Ne disent-ils pas souvent : Je le fais aujourd’hui, je l’achève aujourd’hui? Et puis, sont-ils exempts de tromperies dans leurs marchandises? Ils font les mêmes parjures, ils font les mêmes mensonges : mais ce n’est point à leur profession, c’est à leur malice qu’il faut s’en prendre. Tout artisan donc, assez méchant pour ne point craindre Dieu, tombe dans le mensonge, dans le parjure, ou par avidité, du gain, ou par appréhension d’une perte et de la pauvreté; ils sont loin de louer Dieu sans cesse. Pourquoi donc me retirer de mon trafic? Pour devenir un laboureur murmurant contre Dieu quand il tonne, recourant aux sortilèges par crainte de la grêle, cherchant à résister au ciel même, souhaitant la faim aux pauvres, afin de vendre ce que j’ai gardé? C’est là que vous voulez m’amener ? Mais, direz-vous, les bons laboureurs n’en sont point là, Les bons trafiquants, non plus, ne font ce que vous leur attribuez. Direz-vous que c’est un mal d’avoir des enfants, parce que pour un mal de tête qui leur arrive, des mères coupables et infidèles ont recours à des ligatures sacrilèges, à des enchantements ? Tout cela est le vice des hommes, et non des conditions. Voilà ce que peut me répondre un négociant. Cherchez donc, ô évêque, la manière d’entendre ces négoces, dont il est parlé dans notre psaume; de peur que vous l’entendiez mal et ne m’interdissiez tout trafic; dites-moi comment je dois vivre : si je suis bien, je m’en trouverai bien : je sais toutefois que si je suis mauvais, il ne faut pas l’attribuer à mon trafic, mais bien à mon injustice. A ne dire que la vérité on ne trouve point de contradicteur.


  1. Ps. LXX, 15. ↩

  2. Rom. II, 24.  ↩

  3. Luc, X. 7. ↩

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