20.
Le Prophète a donc raison d’ajouter:
« J’entrerai dans la puissance du Seigneur1 »; non point dans la mienne, mais dans celle du Seigneur. Pour eux, en effet, ils se glorifient dans la lettre, et dès lors n’ont point connu la grâce jointe à la lettre. « Car c’est Moïse qui a donné la loi, et Jésus-Christ la grâce et la vérité2 ». C’est lui qui est venu pour accomplir la loi, quand il nous a fait don de la charité, par laquelle on peut l’accomplir; « puisque la loi dans sa plénitude, c’est la charité3 ». Mais les Juifs n’ayant point la charité, c’est-à-dire, n’ayant point l’esprit de la grâce : « Car la charité de Dieu est répandue dans nos coeurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné4 » ; en sont restés à se glorifier dans la lettre. Et comme « la lettre tue, et que l’esprit vivifie5; moi qui n’ai point connu la lettre, j’entrerai dans la puissance du Seigneur ». Tel est le sens que vient confirmer et achever d’éclaircir le verset suivant, de manière à le fixer dans le coeur des hommes, et à ne laisser notre intelligence dans aucun doute. « Seigneur », dit le Prophète, « je ne me souviendrai uniquement que de votre justice ». Uniquement ! Pourquoi donc, mes frères, ajouter uniquement? Il suffirait de dire : Je me souviendrai de votre justice. «Uniquement », dit le Prophète, et non de la mienne. « Qu’avez-vous, en effet, que vous n’ayez point reçu? Et si vous avez reçu, pourquoi vous glorifier, comme si vous n’aviez point reçu6? » C’est uniquement votre justice qui me délivre, il n’y a de moi que le péché seulement. Que je ne m’applaudisse donc point de mes propres forces, que je ne demeure point dans la lettre: que je répudie toute littérature, c’est-à-dire tous les hommes qui se glorifient de la lettre, qui semblables à des frénétiques s’appuient sur leurs forces pour leur malheur: que je répudie ces hommes, afin que je vive dans la puissance du Seigneur, que je sois fort alors même que je serai faible, et que vous, ô Dieu, soyez puissant en moi, parce que « je me souviendrai uniquement de votre justice ».