2.
« O Dieu, vous m’avez instruit dès ma jeunesse1 ». Que m’avez-vous enseigné? Que je dois me souvenir uniquement de votre justice. Si je considère en effet ma vie passée, je comprends ce que je méritais, et ce qui m’a été accordé au lieu de ce que je méritais. Je méritais la peine, j’ai reçu la grâce; je méritais l’enfer, j’ai reçu la vie éternelle. « O Dieu, vous m’avez instruit dès ma jeunesse ». A la première lueur de cette foi qui m’a renouvelé, vous m’avez appris qu’il n’y avait en moi rien qui pût me faire croire que vos dons étaient mérités. Qui peut se tourner vers Dieu, s’il n’est dans l’iniquité? Qui est racheté, sinon le captif? Qui peut dire que sa captivité était injuste, quand il a quitté son général pour suivre un déserteur? C’est Dieu qui est le général, et le déserteur, c’est le diable : le général a intimé un ordre, le déserteur a insinué la révolte2 ; est-ce an commandement ou à la fourberie que tu as prêté l’oreille? Le diable te paraît-il préférable à Dieu? Celui qui fait défaut, à celui qui t’a créé? Tu as cru à la promesse du diable, et tu as rencontré la menace de Dieu. Maintenant donc, délivré de sa servitude, heureux en espérance, mais pas encore en réalité, marchant dans la foi, et non dans la claire vue, notre interlocuteur s’écrie : « O Dieu, vous m’avez instruit dès ma jeunesse ». Depuis que je me suis tourné vers vous, que vous avez renouvelé en moi ce que vous aviez fait, créé de nouveau ce que vous aviez créé, réformé ce que vous aviez formé; depuis que je me suis tourné vers vous, j’ai compris qu’il n’y avait d’abord en moi aucun mérite, mais que votre grâce m’a été donnée gratuitement, afin que je me souvinsse uniquement de votre justice.