10.
« La justice s’élèvera en ses jours, ainsi que l’abondance de la paix, jusqu’à ce que la lune disparaisse1». Cette expression « disparaisse » est rendue chez d’autres interprètes par « soit enlevée », et chez d’autres encore par « soit élevée»:chacun a traduit à sa guise le verbe grec anatanairethe. Mais il y a peu de différence entre « disparaisse » et « soit enlevée». « Disparaître e a plus ordinairement le sens d’être enlevé, de n’être plus, que celui d’être élevé plus haut. « Etre enlevé », ne peut guère s’entendre que datas le sens d’être perdu, de n’exister plus; « être élevé », n’a d’autre sens que d’être plus haut : ce qui se prend quelquefois en mauvaise part , et désigne l’orgueil; ainsi: « Ne t’élève point dans ta sagesse2». Damas un sens favorable, il signifie un plus grand honneur, ainsi quand on élève un objet: par exemple: « Pendant la nuit élevez vos mains vers le sanctuaire, et bénissez le Seigneur3 ». Si donc nous traduisons par « disparaisse», qu’en résultera-t-il, sinon que, pour la lune, « disparaître » aura le sens de n’être plus? Peut-être le Prophète a-t-il voulu nous dire qu’il n’y aura plus de mortalité, quand « la mort notre dernière ennemie sera détruite4 » ; en sorte que l’abondance de la paix sera telle que rien ne s’opposera à la félicité des bienheureux, de la part des infirmités de la mort: ce qui arrivera dans ce séjour dont Dieu nous a donné l’infaillible promesse, par Jésus-Christ Notre-Seigneur, et dont il est dit: « En ses jours s’élèvera la justice ainsi que l’abondance de la paix »: jusqu’à ce que la mort soit vaincue, et que toute mortalité soit détruite et absorbée, Mais si la lune désigne ici, non plus cette mortalité de la chair que subit ici-bas l’Eglise, mais bien l’Eglise elle-même qui doit être délivrée de cette mortalité pour demeurer éternellement, il faut traduire ainsi: « En ses jours s’élèvera la justice et l’abondance de la paix, jusqu’à ce que la lune soit élevée » ; comme si l’on disait: En ses jours s’élèvera la justice qui dompte les contradictions et les rébellions de la chair, et une paix surgira pour aller croissant et se multipliant, jusqu’à ce que la lune s’élève, ou plutôt jusqu’à la glorification de l’Eglise qui doit régner par la gloire de la résurrection, avec ce premier-né d’entre les morts, qui l’a précédée dans cette gloire, et qui est assis à la droite de soma Père5 : c’est là demeurer « avec le soleil et avant la lune », que ce même soleil doit ensuite élever en gloire.