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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXXI .

18.

« Il sera sur la terre le ferme appui des hautes montagnes1. Car toutes les promesses de Dieu ont en lui leur affirmation2» ; c’est-à-dire, se confirment en lui. Car c’est en lui que s’accomplit tout ce qu’ont annoncé les Prophètes au sujet de notre salut. Il convient, en effet, d’entendre par ces montagnes les auteurs dont Dieu s’est servi pour nous donner les livres saints; Jésus-Christ devient pour eux un ferme appui, parce que c’est à lui que se rapporte tout ce que Dieu a fait écrire. Il a voulu que cela fût écrit sur la terre, parce que c’est pour ceux qui vivent sur la terre qu’il l’a fait écrire; et que lui-même n’est venu sur la terre qu’afin de le confirmer, ou d’en montrer en lui l’accomplissement. « Il fallait», dit-il, « que s’accomplit tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi, dans [es Prophètes et dans les psaumes3 » : c’est-à-dire « sur les hautes montagnes ». Voilà que « dans les derniers jours, la montagne du Seigneur se manifestera et s’élèvera sur le sommet des montagnes4 ». Ce que le psaume exprime ainsi : « Sur les hautes montagnes. Et son fruit dominera les sommets du Liban ». Le Liban a d’ordinaire pour nous le sens des dignités du siècle, car c’est une montagne dont les arbres sont très-élevés, et dont le nom signifie blancheur. Or, quelle merveille que le fruit du Christ s’élève au-dessus de tous les prestiges du siècle, puisque tous ceux qui aiment ce fruit ont dédaigné ce qu’il y a d’éclatant et d’élevé dans le monde? Si nous entendons le Liban dans un sens favorable, à cause «des cèdres du Liban que Dieu a plantés5 », que devons-nous entendre par ce fruit qui s’élève au-dessus du Liban, sinon celui que nous marque saint Paul, quand il va parler de la charité : « Je vous montrerai une voie plus élevée encore6? » C’est là ce qu’il met au premier rang dans les dons de Dieu, quand il dit : « Or, le fruit de l’Esprit-Saint est la charité7 », et le reste, qu’il énumère ensuite. « Et ils fleuriront dans la cité comme les plantes de la terre ». Le mot de cité n’est point ici déterminé, et il n’est point dit: sa ville, ou la ville de Dieu, mais seulement: dans la cité; nous le prendrons en bonne part, et ce sera dans la cité de Dieu, ou dans l’Eglise , qu’ils fleuriront comme l’herbe; mais une herbe qui porte du fruit, comme le froment; car lui-même a le nom de plante dans les saintes Ecritures; ainsi dans la Genèse Dieu ordonne à la terre de produire toute espèce d’arbres, toute espèce de plantes8, et il n’est point dit toute espèce de froment, ce qui n’eût pas été omis certainement, s’il n’eût pas été compris sous le nom générique des plantes; on en trouve encore beaucoup d’exemples dans les Ecritures. Mais si nous devons donner à ces paroles : « Ils fleuriront comme les plantes de la terre », le sens de: « Toute chair est une herbe, et tout éclat pour l’homme n’est qu’une fleur des plantes9», alors la cité nous désignera la société du monde, et ce n’est pas sans raison que Caïn en fut le premier fondateur10. Or, quand ce fruit du Christ est élevé au-dessus du Liban, c’est-à-dire au-dessus des arbres à longue vie et des bois incorruptibles, comme ce fruit est éternel, l’homme dans tout son éclat et dans toute sa grandeur ici-bas, n’est plus comparé qu’à une herbe, car tous ceux qui croient eu Jésus-Christ, qui espèrent la vie éternelle, n’ont que du mépris pour une félicité passagère, et ainsi s’accomplit ce qu’a dit le Prophète : « Toute chair est une herbe, et toute beauté de la chair n’est qu’une fleur de l’herbe; l’herbe se dessèche, la fleur tombe, mais la parole de Dieu demeure éternellement ». C’est en cela que le fruit du Christ domine les cèdres du Liban. Jamais la chair n’a été qu’une herbe, et la beauté de la chair que la fleur d’une herbe; mais comme l’on n’enseignait pas la félicité qu’il fallait choisir et préférer, la fleur de l’herbe était en honneur, et non-seulement on ne la dédaignait point, mais on la recherchait avec empressement. Or, comme si toutes ces fleurs mondaines commençaient à devenir viles dès qu’on s’en détourne et qu’on les dédaigne : «Voilà », dit le Prophète, «que son fruit sera élevé au-dessus du Liban, et qu’ils fleuriront dans la cité comme les fleurs de la terre11 » ; c’est-à-dire que l’on estimera pardessus tout les promesses éternelles, et que l’on regardera comme l’herbe des champs ce qui occupe l’attention du monde.


  1. Ps. LXII, 16.  ↩

  2. II Cor. I, 20 ↩

  3. Luc. XXIV, 44. ↩

  4. Isa. II, 2. ↩

  5. Ps. CIII, 16. ↩

  6. I Cor. XII, 31.  ↩

  7. Gal. V, 22.  ↩

  8. Gen. II, 11.  ↩

  9. Isa. XL, 6. ↩

  10. Gen. IV, 17. ↩

  11. Ps. XI, 6-8. ↩

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