20.
« Durant tout le jour je suis flagellé1 ».Vos fléaux ne s’éloignent point de moi. Je vous sers fidèlement, et je suis châtié: cet autre ne vous sert point, il est au comble des biens. Terrible question que l’homme se pose à lui-même ! Son âme est dans le trouble, elle est sur le point de passer au mépris de ce qui passe pour désirer ce qui dure éternellement. Telle est la pensée qui bâte pour l’âme ce passage. Dès qu’elle est agitée par la tempête, c’est pour arriver au port. Il en est de même de ces malades, qui souffrent moins lorsque la santé est bien loin encore, et dont la douleur est plus aigué quand la guérison est proche. C’est ce que les médecins appellent des accès de crise, qui sont le passage à la convalescence : la lièvre est plus vive, mais aboutit à la santé; la crise est plus violente, mais la guérison est proche. Telles sont les récriminations du Psalmiste. Ses paroles sont fâcheuses, insolentes, presque blasphématoires : « Comment Dieu le sait-il? » Je dis « presque », et en effet il ne dit point : Dieu ne le sait point; il ne dit point : Le Très-Haut n’en a point connaissance; mais il se questionne, il est dans l’hésitation et dans le doute, Il disait un peu auparavant : « Mes pieds ont failli chanceler », comme il dit maintenant: « Comment Dieu le sait-il, et le Très-Haut en a-t-il connaissance? » Il n’affirme point, mais son doute est dangereux, et tel est le péril qui le ramène à la santé. Ecoute bien cette guérison : « C’est donc en vain que j’ai justifié mon coeur, et que j’ai lavé mes mains parmi les innocents, tout le jour je subis la flagellation, je suis châtié dès le matin ». Or, le châtiment est une correction : châtier, c’est se corriger. Qu’est-ce à dire : « dès le matin ? » Sans délai. Il est un délai pour les impies, il n’en est point pour moi. Pour eux le châtiment est tardif, ou même nul, pour moi il vient « dès le matin. — Tout le jour je suis flagellé, et mon châtiment est du matin ».
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Id. 14. ↩