23.
Tu dis vrai, ô Prophète, c’est un labeur pénible. Mais pour Dieu, il n’est point de labeur; mets-toi en présence du Dieu qui ne connaît point la peine, et il n’y aura rien de pénible pour toi. C’est ce qu’a fait le Prophète, car il précise combien de temps ce labeur sera devant lui : « Jusqu’à ce que j’entre dans le sanctuaire du Seigneur, et que je comprenne la fin des choses1 ». Voilà une grande parole, mes frères. Je suis dans un long travail, dit le Prophète, et je vois devant moi un labeur en quelque sorte inextricable, quand je veux examiner comment Dieu connaît les choses humaines et en prend soin, et comment n’est-il point injuste, alors que les pécheurs, les criminels sont heureux sur la terre, tandis que les hommes pieux, qui le servent avec fidélité, sont souvent dans l’épreuve, et brisés par la tribulation : voilà ce qu’il est très-difficile de comprendre, mais seulement « jusqu’à ce que j’entre dans le sanctuaire de Dieu ». Mais que verras-tu dans ce sanctuaire, afin de résoudre cette difficulté? « Je comprendrai », dit le Psalmiste, «la fin des choses», non celles qui sont présentes. C’est vers le sanctuaire de Dieu que-je dirige mes yeux pour voir la fin, peu soucieux du présent. Tout ce qui porte le nom d’homme, toute cette masse de mortels doit subir l’examen, tout alors sera pesé; et alors seront appréciées les oeuvres des hommes. Aujourd’hui tout est enveloppé d’un nuage, mais Dieu connaît les mérites de chacun. «Je comprendrai », dit le Prophète, « quelle est la fin » ; non par moi-même, car il n’y a devant moi que labeur. Comment alors «comprendrai-je la fin? » En entrant dans le sanctuaire de Dieu. C’est donc là qu’il comprendra pourquoi les méchants sont heureux ici-bas.
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Ps. LXXII, 17. ↩