32.
« Mon coeur et ma chair ont défailli, ô Dieu de mon coeur1». Voilà donc ce qui m’est réservé au ciel, « le Dieu de mon coeur, le Dieu qui est mon partage ». Eh quoi! mes frères? Cherchons les richesses d’ici-bas, que les hommes se choisissent un apanage. Voyez-les déchirés par toutes sortes de passions contraires; les uns choisissent l’épée, les autres le barreau, ceux-ci les sciences diverses, ceux-là le négoce ou la culture des champs. Qu’ils se fassent une part dans les choses d’ici-bas; mais que le peuple de Dieu s’écrie: « C’est Dieu qui est mon partage », non pas mon partage pour un temps, mais « mon partage pour l’éternité ». Quand j’aurai de l’or éternellement, qu’est-ce que cela? Mais avoir Dieu, quand même ce ne serait pas éternellement, quel bien pour moi! Ajoutez que c’est Dieu qui daigne se promettre à moi, et m’assurer que je le posséderai éternellement. Ineffable bien que je posséderai sans cesse! Indicible félicité! « C’est Dieu qui est mon partage ». Pour combien de temps? « Pour l’éternité ». Voyons, en effet, comment notre interlocuteur a aimé Dieu; il a châtié son coeur: « C’est le Dieu de mon coeur, c’est le Dieu qui est mon héritage pour l’éternité». Son coeur est donc chaste, il aime Dieu gratuitement sans lui demander d’autre récompense. Demander à Dieu toute autre récompense que lui-même, et le servir dans ce dessein, c’est estimer ce que l’on demande plus que Dieu dont on l’attend. Mais quoi ! Dieu n’a-t-il donc nulle récompense à nous donner? Aucune, si ce n’est lui-même. La récompense de Dieu, est Dieu même. Voilà pour le Prophète l’objet de son amour, de ses transports: tout autre amour ne Serait plus un amour chaste. Loin de ce feu immortel, c’est le froid, c’est la corruption. Ne t’en éloigne point, ô mon frère, tu aurais pour apanage la corruption, pour apanage la souillure. Asaph revient, il cède au repentir, il choisit la pénitence, il s’écrie: « Dieu est mon partage ». Quelles délices pour lui dans ce partage qu’il a choisi!
-
Ps. LXXII, 26. ↩