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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXXIII.

25.

« Levez-vous, Seigneur, et vengez ma cause1 ». Je parais abandonné, parce que je n’ai point recueilli le fruit de vos promesses. Voilà que mes larmes sont ma nourriture le jour et la nuit, pendant que l’on me dit sans cesse: Où est donc ton Dieu2? Et comme je ne puis montrer mon Dieu, on me tourne en dérision comme si je suivais un fantôme. Non-seulement les païens, mais les Juifs, mais les hérétiques, mais souvent mes frères de l’Eglise catholique, répondent par la raillerie, à la prédication des promesses de Dieu, à l’annonce d’une résurrection à venir. On en voit même aujourd’hui qui ont été régénérés dans l’eau du salut éternel, qui portent le sacrement du Christ, et qui nous disent: Qui donc est ressuscité jusqu’à présent? Depuis que j’ai enseveli mon père, je ne l’ai point entendu me parler du fond du sépulcre. Dieu a donné sa loi à ses serviteurs, afin de les occuper pour un temps; mais qui est revenu du tombeau? Que puis-je dire à ces hommes? Leur montrerai-je ce qu’ils ne voient pas? Je ne puis; car Dieu ne se rendra point visible pour les satisfaire. Qu’ils le fassent eux-mêmes, s’ils le peuvent : qu’ils agissent, qu’ils s’efforcent; qu’ils changent Dieu, puisqu’ils ne veulent point se changer eux-mêmes. Qu’il voie Dieu, celui qui le petit voir; qu’il croie en Dieu, celui qui ne saurait le voir: mais voir Dieu, est-ce le voir des yeux? C’est le voir de l’intelligence, le voir du coeur. Ce n’était point le soleil et la lune que voulait montrer Celui qui disait: « Bienheureux ceux dont le coeur est pur, parce qu’ils verront Dieu3 ». Que le coeur impur, peu disposé à la foi, croie au moins ce qu’il ne peut voir. Je ne crois rien, dit-il, que croirai-je donc? On voit aussi ton âme sans doute? insensé ! ton corps est visible, enais ton âme, qui la verra? Mais puisqu’il ne paraît de toi que ton corps, pourquoi ne pas l’ensevelir? Celte parole vous étonne: Pourquoi ne pas t’ensevelir, puisqu’on ne voit que ton corps? C’est que je suis en vie, réponds-tu, car tu te sens alors. Mais comment saurai-je que tu es en vie, puisque je ne vois point ton âme? Comment le saurai-je? C’est que je parle, me réponds-tu, c’est que je marche, c’est que j’agis. Insensé! les oeuvres de ton corps me feront croire à la vie, et les oeuvres de la création ne te feront pas croire au Créateur! Un autre me dira peut-être : après ma mort je ne serai plus .rien c’est un lettré sans doute, qui a pris cette maxime dans Epicure, dans ce je ne sais quel philosophe en délire, plus ami de l’orgueil que de la sagesse, à qui les philosophes eux-mêmes ont donné le nom de pourceau : c’est lui qui a placé le souverain bonheur dans les voluptés du corps, et il est appelé pourceau, parce qu’il se vautrait dans le bourbier de la chair. C’est à lui sans doute que notre savant a emprunté cette maxime: Après la mort, je ne serai plus rien. Que les fleuves d’Etham soient desséchés; périssent ces doctrines des Gentils; vivent les plantes de Jérusalem: qu’elles voient ce qu’elles pourront voir, qu’elles croient du fond du coeur ce qu’elles ne pourront voir. Assurément, tout ce que nous voyons aujourd’hui tians le monde n’existait pas encore, quand le Seigneur opérait le salut au milieu de la terre, et quand on faisait ces promesses: c’était alors le temps de la prophétie: aujourd’hui que nous la voyons s’accomplir, l’insensé dit encore dans son coeur: « Il n’y a point de Dieu4 ». Malheur aux coeurs pervers; car tout ce qui reste à s’accomplir, s’accomplira en effet, comme s’est accompli ce qui ne l’était point encore au moment de la prophétie. Dieu, après avoir accompli toutes ses promesses, nous aurait-il trompés sur le seul jour du jugement? Le Christ n’était point autrefois sur la terre. Dieu nous l’a promis, Dieu nous l’a envoyé: une vierge n’avait pas enfanté; Dieu nous l’a promis, il nous l’a montré : un sang précieux n’avait pas été versé pour effacer la cédule de notre mort; Dieu nous l’a promis, il nous l’a montré : la chair n’était pas encore ressuscitée pour la vie éternelle; Dieu nous l’a promis, il nous l’a montré : les Gentils n’avaient point encore embrassé la foi; Dieu nous l’a promis, et il nous l’a montré : les hérétiques armés au nom du Christ, n’avaient pas encore combattu contre le Christ; Dieu nous l’a prédit et il l’a montré: les idoles des nations n’étaient point encore tombées à terre; Dieu l’a prédit et nous l’a montré: et quand il accomplit tant d’événements qu’il a promis, il nous aura trompés uniquement an sujet du jugement? Non, il viendra comme tout le reste est venu: avant leur accomplissement, tous ces événements étaient à venir, ils ont été d’abord annoncés, puis accomplis ensuite. Ce jour viendra donc, mes frères; que nul ne dise: Il ne viendra point; ou bien: Il viendra, mais ce ne sera de longtemps. Mais il est proche, le jour où tu sortiras de la terre. Qu’il nous suffise d’une première erreur: si une fois déjà nous n’avons pu demeurer fermes dans le précepte de Dieu, corrigeons-nous du moins par l’exemple. Le monde n’avait pas eu d’exemple de la chute du genre humain, quand il fut dit à Adam: « Si tu touches à ce fruit, tu mourras». Mais le serpent tortueux vint dire: « Tu ne mourras point». L’homme crut au serpent et méprisa Dieu: l’homme crut au serpent, toucha au fruit défendu, et mourut5.La promesse de Dieu ne fut-elle pas justifiée plutôt que la promesse de l’ennemi? Elle le fut en effet, nous le savons : de là vient que nous mourons tous. Que cette expérience nous tienne sur nos gardes. Aujourd’hui encore le serpent vient murmurer à notre oreille et nous dire: Dieu voudrait-il damner les multitudes et ne sauver que le petit nombre? Que signifie ce langage, sinon : Agissez contre le précepte, vous ne mourrez point? Mais aujourd’hui comme alors, si nous cédons aux suggestions du diable pour mépriser les préceptes du Seigneur, viendra le jour du jugement qui justifiera les menaces de Dieu, et démentira les promesses de l’ennemi. «Levez-vous, Seigneur, et jugez votre cause». Vous êtes mort, et mort dans les opprobres. On me dit : Où est ton Dieu6? « Levez-vous, et jugez ma cause ». Nul autre, en effet, que celui qui est ressuscité d’entre les morts, ne doit venir nous juger. Il était prédit qu’il viendrait, et il est venu, et les Juifs l’ont méprisé, dans son séjour sur la terre; et maintenant qu’il est assis dans les cieux, de faux chrétiens le méprisent. « Levez-vous, Seigneur, et jugez ma cause». Que je ne périsse point, puisque j’ai cru en vous; j’ai cru ce que je n’ai point vu, que mon espérance ne soit point trompée, que je recueille vos promesses. « Jugez ma cause. Souvenez-vous des outrages de l’insensé, qui durent tout le jour ». Aujourd’hui encore on insulte au Christ, et pendant tout le jour, ou jusqu’à la fin des siècles, il y aura des vases de colère. On nous dit encore aujourd’hui: les Chrétiens prêchent des chimères; on nous dit : la résurrection des morts est une rêverie. « Jugez ma cause, et souvenez-vous de vos opprobres». Mais de quels opprobres, sinon de « ceux que l’insensé vous prodigue pendant tout le jour? » Est-ce en effet l’homme prudent qui parle ainsi. Prudent vient du latin porro videns, qui voit au loin. Si l’homme prudent voit au loin, c’est la foi qui donne cette longue vue ; car nos yeux ne voient que peine devant nos pieds. « Pendant tout le jour ».


  1. Id. LXXII, 22.  ↩

  2. Id. XLI, 4. ↩

  3. Matth. V, 8.  ↩

  4. Ps. XIII, 1. ↩

  5. Gen. II, 17 ; III, 4, 6, 19. ↩

  6. Ps. XLI, 11.  ↩

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