8.
« Ne vous élevez donc pas; ne proférez point contre Dieu l’iniquité1 » Ecoutez ces paroles d’un grand nombre, que chacun de vous écoute, et soit touché de repentir. Que disent ordinairement les hommes? Est-il vrai que Dieu jugera les actions des hommes? Est-ce là l’occupation de Dieu ? Aurait-il souci de ce que l’on fait sur la terre? Tant d’hommes injustes sont dans la prospérité, tant d’innocents dans la douleur! Or, comme Dieu voulait t’avertir et te corriger, et qu’il lui est arrivé je ne sais quoi de fâcheux, qui lui découvre sa conscience, et lui fait comprendre qu’il est juste pour lui de souffrir à cause de ses péchés: d’où lui viennent ses arguments contre Dieu? Comme il ne peut dire : Je suis juste, que pensez-vous qu’il va dire? Il y en a de plus pécheurs que moi qui ne souffrent pas ainsi. Voilà l’iniquité des murmures de l’homme contre Dieu. Comprenez-en vous-mêmes l’injustice: afin de paraître juste, il accuse Dieu d’injustice. Dire, en effet: C’est injustement que je souffre, c’est accuser d’injustice Celui qui juge à propos de me soumettre à la douleur, et déclarer juste celui qui souffre injustement. J’en appelle à vous, mues frères, est-il bien que l’iniquité soit pour Dieu, la justice pour vous? Parler de la sorte, c’est proférer l’iniquité contre Dieu.
-
Ps. LXXIV, 6. ↩