10.
« A vos menaces, ô Dieu de Jacob, les cavaliers se sont assoupis1 ». Quels sont « ces hommes montés sur des chevaux? » Ceux qui ont repoussé l’humilité. Monter à cheval n’est pas un péché, mais bien élever contre Dieu une tête orgueilleuse, et alors se croire en honneur. Tu es donc à cheval, ô riche; Dieu tonne, et tu t’endors. O colère menaçante ! colère d’uni Dieu ! Ecoutez bien, mes frères, ce qu’il nous faut craindre, La menace est un bruit, et d’ordinaire le bruit tire les hommes du sommeil. Mais au contraire, sous le poids de menaces divines, le Prophète s’écrie : « Au bruit de vos menaces, ô Dieu de Jacob, les cavaliers se sont assoupis ». Tel était le sommeil de Pharaon, qui montait sur des chevaux2. Son coeur ne se réveilla point, parce que ce même coeur s’était endurci contre les menaces. L’endurcissement du coeur est un vrai sommeil. Voyez, mes frères, je vous en supplie, combien il en est qui sont endormis profondément; dans l’univers entier on prêche l’Evangile, on chante partout, Amen et Alleluia, et ils ne veulent point condamner la vie du vieil homme, pour s’éveiller à une vie nouvelle, Jadis l’Ecriture sainte n’était qu’en Judée, aujourd’hui elle est récitée dans tout l’univers. Il n’y avait qu’une nation où l’on prêchât le culte d’un seul Dieu, où le Créateur de toutes choses fût adoré; et maintenant où n’est-il point publié? Le Christ est ressuscité; bafoué sur la croix, il a mis sur le front des empereurs cette même croix, instrument de ses épreuves; et l’on sommeille encore ! Effrayante colère du Seigneur, mes frères! Combien il est mieux pour nous d’écouter celui qui dit : « Debout, ô toi qui dors, lève-toi d’entre les morts, et le Christ sera ta lumière3». Mais qui écoutera sa parole? Ceux qui ne montent point à cheval. Qui ne se grandit point sur des chevaux? Ceux qui ne s’élèvent pas, qui ne se font pas de leurs honneurs et de leur puissance, un certain piédestal. « Au bruit de vos menaces, ô Dieu de Jacob, les cavaliers se sont assoupis ».