24.
« Il se souvint que ce peuple est charnel, qu’il n’est qu’un souffle qui passe et ne revient plus». Aussi, dans ses instances miséricordieuses, les a-t-il rappelés par sa grâce, car ils ne pouvaient revenir par eux-mêmes. Comment une faible chair, comment un esprit qui passe sans retour, aurait il pu revenir à Dieu, sans l’élection de la grâce, quand le poids des châtiments qu’il a mérités l’entraîne au fond de l’abîme? Et Dieu ne vous donne point cette grâce comme une récompense, mais elle est un don gratuit, afin que l’impie soit justifié1, que la brebis égarée retourne au bercail, non par ses propres forces, mais sur les épaules du pasteur qui la rapporte2. Elle a bien pu s’égarer au gré de ses caprices, mais elle ne pourrait se retrouver elle-même, elle n’est retrouvée que par la bonté du pasteur qui la recherche, li n’est lias en effet sans ressemblance avec cette brebis, ce fils qui rentre en lui-même, et se dit : « Je me lèverai, et j’irai à mon père ». Un appel secret, une sainte inspiration le cherchait, et il ne doit sa résurrection qu’à celui qui donne la vie à tout : et par qui a-t-il été retrouvé, sinon par celui qui sauve et qui recherche ce qui était perdu3? « Il était mort et il est ressuscité; il était perdu et il est retrouvé4». C’est ainsi que l’on peut répondre à cette autre difficulté des Proverbes, alors que l’Ecriture nous dit, à propos de la voie des impies: « Quiconque marche dans cette voie, n’en reviendra point5 ». Parole qui nous porterait au désespoir sur le compte des impies : quand l’Ecriture nous marque l’effet de la grâce; car l’homme peut bien par ses propres forces marcher dans le sentier du mal, tandis qu’il n’en peut revenir par lui-même, si la grâce ne le rappelle.