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« Il les a fait paître dans l’innocence de son coeur ». Quelle plus parfaite innocence que celle qui n’eut point de péché, non-seulement pour la vaincre, mais. encore qu’elle pût vaincre? » Il les a conduites d’une main « sage et prudente1». Ou, comme on lit dans d’autres exemplaires, « de ses mains intelligentes ». On pourrait croire qu’il serait mieux de dire : dans l’innocence de ses mains, et la sagesse de son coeur; mais celui qui sait mieux que tout autre comme il convient de dire, attribue au coeur l’innocence et aux mains la sagesse. Et autant que j’en puis juger, c’est que beaucoup se croient innocents parce qu’ils s’abstiennent de faire le mal, à cause du châtiment qu’ils craignent; et qui ont la volonté de le faire, s’ils te pouvaient impunément. On peut croire â l’innocence de leurs mains, mais non à celle de leur coeur. Et néanmoins quelle peut être une innocence qui n’existe pas dans le coeur où est la ressemblance de l’homme avec Dieu? Quand le Prophète nous dit que le Christ « a conduit son peuple dans l’intelligence de ses mains», il semble parler de cette sagesse que le Christ produit dans ceux qui croient en lui; aussi dit-il « des mains », parce que c’est la main qui agit : ce que l’on peut entendre de la main de Dieu, car le Christ est tout ensemble homme et Dieu. Il est certain que le roi David, dont le Christ est issu, ne pouvait eu agir ainsi à l’égard de ce peuple qu’il gouvernait, car il était homme : mais il le fait, celui à qui toute âme fidèle peut dire: « Donnez-moi l’intelligence, et je sonderai votre loi2». Dès lors, afin de ne point nous égarer loin de lui, en nous confiant en notre sagesse, comme si elle était bien la nôtre, soumettons-nous à ses mains par la foi. Qu’il produise lui-même cette sagesse en nous, afin qu’après nous avoir délivrés de toute erreur, il nous conduise où toute erreur est impossible. C’est là le fruit que doit recueillir le peuple de Dieu lorsqu’il écoute sa loi, qu’il incline l’oreille à sa parole, qu’il redresse son coeur en l’élevant à lui,s’unit à lui d’esprit par une foi vive, afin de ne point devenir une race indocile et rebelle. Mais qu’il apprenne de tout ce que nous avons dit, à mettre son espérance en Dieu, non-seulement pour la vie présente, mais aussi pour la vie éternelle; non-seulement pour recevoir la récompense qui est due à ses bonnes oeuvres, ruais aussi pour faire ces mêmes bonnes oeuvres.