10.
« Ils ont dévoré la maison de Jacob », continue le Prophète, « ils ont mis le deuil dans sa demeure1 ». Jacob était en effet la figure de l’Eghise, comme Esaü l’était de la synagogue. De là cette prédiction : « L’aîné sera le serviteur du plus jeune2 ». Ce nom peut désigner aussi l’héritage du Seigneur, dont nous parlions, et contre lequel se sont rués les peuples par la persécution, afin de l’envahir et de le détruire après l’ascension du Seigneur. Mais il faut examiner comment nous comprendrons « la demeure de Jacob ». Il semble qu’on ne peut guère l’entendre que de cette ville qui possédait le temple, et où le Seigneur avait ordonné que la nation tout entière viendrait lui offrir des sacrifices, célébrer la Pâque et l’adorer. Car si le Prophète avait voulu désigner les assemblées chrétiennes, que la persécution empêchait et désolait, il aurait dû dire des demeures désolées, et non une demeure. Et pourtant nous pouvons encore ici prendre le singulier pour le pluriel, comme on dit le vêtement pour les vêtements, le soldat pour les soldats, le troupeau pour les troupeaux: ces manières de parler qui sont ordinaires, non-seulement dans le commun du peuple, mais aussi chez les plus habiles maîtres de l’éloquence. L’Ecriture elle-même use de cette façon de parler, et a dit la sauterelle pour les sauterelles3, la grenouille pour les grenouilles, et beaucoup d’antres locutions semblables. Cette expression: « Ils ont dévoré Jacob », marque parfaitement bien que les menaces des persécuteurs contraignirent beaucoup de chrétiens à entrer dans leurs corps, ou plutôt dans leur société.