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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LXXX.

1.

Nous avons entrepris, mes frères, de vous exposer ce psaume; puisse votre calme aider notre voix qui est quelque peu sourde: mais l’attention des auditeurs me donnera des forces, avec le secours de Celui qui m’ordonne de parler. Ce psaume à pour titre: « Jusqu’à la fin, pour les pressoirs, au cinquième jour de la semaine, psaume pour Asaph lui-même ». Combien de mystères accumulés dans un seul titre ! de manière à nous montrer dès l’abord , l’intérieur du psaume. En parlant du pressoir, n’attendez pas que nous vous disions rien des cuves, des presses, des corbeilles: le psaume n’en dit mot, ce qui nous indique tout particulièrement un mystère. En effet, si le psaume en parlait, il se trouverait des hommes pour croire qu’on doit entendre ces pressoirs dans le sens littéral, qu’il n’y faut rien voir de plus, qu’il n’y a là rien de figuratif, rien qui dessine quelque mystère; ce psaume, pourrait on dire, parle simplement des pressoirs, et vous allez imaginer je ne sais quelle allégorie. La lecture ne vous a rien laissé entendre de tout cela. Voyez donc dans ces pressoirs le mystère de l’Eglise, aujourd’hui sur la terre. Dans un pressoir, trois objets arrêtent nos regards: une presse, et de cette presse il sort, d’une part ce qu’il faut garder, d’autre part ce qu’il faut rejeter. On presse donc, on foule, on écrase sous le pressoir; et de là sort invisiblement une huile qui se clarifie dans le vase, tandis qu’on voit le marc couler dans les rues. Fixez votre attention sur ce spectacle grandiose. Car Dieu ne cesse de nous donner de quoi contempler dans noire joie, et les folies du cirque n’ont rien de comparable avec ces spectacles, qui sont l’huile pour nous, tandis que le cirque est un marc impur. Vous entendez ces obstinés coasser leurs blasphèmes, et nous dire que les désastres sont plus fréquents depuis le christianisme; c’est là, vous le savez, leur refrain layon. De là encore cet adage ancien dejà, qui date du christianisme: Dieu ne fait point pleuvoir, prenez-vous-en aux Chrétiens. Ainsi disaient les anciens, aujourd’hui on dit: Il pleut trop, prenez-vous-en aux chrétiens. Il ne pleut pas, nous ne semons point; il pleut, nous ne battons iuoint. Esprits aveugles qui s’enorgueillissent de ce qui devrait les humilier, qui préfèrent le blasphème à la prière. Quand donc ils se livrent à ces discours, à ces bravades, à ces insolences, à ces obstinations, et qu’ils le font sans crainte, et hardiment, qu’ils ne vous troublent point. Songez que les pressoirs abondent, et tâchez d’être l’huile. Que ce marc tout noirci d’ignorance nous maudisse à son gré, qu’il nous insulte sur les places publiques où il est jeté; mais toi, dans le secret de ton coeur, où pénètre l’oeil de ton Père1, sois une huile clarifiée dans la cuve. Tant que l’olive pend à l’arbre, elle est parfois agitée par la tempête, mais elle n’est point écrasée sous le pressoir; l’arbre porte à la fois, et ce qu’il faut rejeter, et ce qu’il faut conserver: mais quand elle est écrasée sous le pressoir, alors se fait la séparation, le discernement; on garde l’un, on jette l’autre. Voulez-vous connaître la force de ces pressoirs? Pour ne vous donner qu’un exemple des maux dont ils se rendent coupables ceux-là même qui en murmurent: Combien de vols de nos jours, disent-ils, combien d’innocents opprimés, combien de pillages du bien d’autrui ! Dans ce pillage du bien d’autrui, vous ne voyez que le marc; et vous ne remarquez point l’huile ou la charité qui donne aux pauvres de son propre bien. Il n’y avait pas jadis tant de pillards des biens étrangers; mais il n’y avait pas non plus tant de donateurs de leur propre bien. Sois donc une bonne fois plus attentif à ce pressoir, et ne t’arrête pas à ce qui coule au dehors, tu trouveras mieux en cherchant. Examine, écoute, et vois faire à beaucoup ce qui attrista et fit retourner ce jeune homme riche, quand le Seigneur lui parla. Un grand nombre comprennent ce mot de l’Evangile: « Allez, vendez ce que vous possédez, donnez-en le prix aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel, puis venez et suivez-moi2 ». Combien n’en vois-tu point pour agir de la sorte? Il en est peu, dis-tu. Ceux là néanmoins sont l’huile, et ceux qui usent bien de ce qu’ils possèdent, sont l’huile aussi : réunis-les ensemble, et tu verras se remplir les greniers du père de famille. Tu vois un voleur tel que tu n’en as jainas vu; vois aussi des prodigues tels que tu n’en as jamais vus de semblables. Bénis donc les pressoirs; voilà que s’accomplit la prophétie de l’Apocalypse: « Que le juste devienne plus juste encore, et que celui qui est souillé, se souille encore3 ». Les pressoirs sont dans ces mots : « Que le juste devienne plus juste, et que celui qui est souillé, se souille encore ».


  1. Matth. VI, 6. ↩

  2. Id. XIX, 21. ↩

  3. Apoc. XXII, 11. ↩

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