6.
Que dit ensuite le Prophète? « Mon âme aspire au parvis du Seigneur, elle a défailli de désir1 ». C’est peu des langueurs de son âme, peu de ses défaillances; où vient-elle à défaillir? « Dans les parvis du Seigneur ». Le raisin disparaît quand on le presse ; mais, où a-t-il disparu? C’est un vin qui a coulé dans la cuve, dans le repos du cellier, pour être gardé dans une paix profonde. Ici le désir, au ciel la jouissance; ici les aspirations, au ciel la joie; ici la prière , au ciel la louange; ici les gémissements, au ciel l’allégresse. Que nul ne regarde mes paroles comme trop dures, que nul ne refuse de souffrir. Craignons que le raisin qui redoute le pressoir ne devienne la proie des bêtes ou des oiseaux. Une grande tristesse apparaît dans ces paroles du Prophète: « Mon âme aspire aux parvis du Seigneur, elle a défailli de désir » ; car il n’a point ce qu’il désire si vivement. Mais est-il donc sans aucune joie? Quelle joie? cette joie dont l’Apôtre a dit: « Réjouissons-nous dans l’espérance ». Ici-bas c’est l’espérance, dans le ciel ce sera la joie de la réalité. Mais comme ceux qui ont la joie de l’espérance sont assurés de la réalité, ils endurent dans le pressoir tous les tourments. Aussi l’Apôtre, après avoir dit : « Réjouissez-vous dans l’espérance », a-t-il ajouté aussitôt : « Soyez patients dans la tribulation »; et après la patience dans la tribulation, que dit-il encore? « Persévérez dans la prière2 ». Pourquoi « persévérer?» Parce que vous souffrez du retard. Vous priez, et Dieu tarde à vous exaucer, souffrez ces retards. Trouvons bon que Dieu diffère, car une fois que nous aurons notre récompense, nul ne nous l’ôtera.