16.
Pourquoi préférer le dernier rang dans la maison du Seigneur plutôt que d’habiter dans les tabernacles des pécheurs? « Parce que Dieu aime la miséricorde et la vérité1». Le Seigneur aime la miséricorde, dont il m’a prévenu tout d’abord : il aime la vérité de manière à accomplir sa promesse envers celui qui croit. Ecoute cette miséricorde et cette vérité dans l’apôtre saint Paul, d’abord Saul et persécuteur. Il avait besoin de miséricorde, et il proclame que Dieu en a usé envers lui : « Qui fut d’abord un blasphémateur, un persécuteur, un ennemi, mais qui obtint miséricorde, afin que Jésus-Christ fît éclater en lui sa patience envers ceux qui croiront en lui pour la vie éternelle2 »; afin que nul ne pût douter que tous ses péchés lui seraient remis, quand Paul obtenait la rémission de si grandes fautes. Telle est la miséricorde; mais Dieu ne voulut point manifester sa vérité dans le châtiment du pécheur. Punir le pécheur, ne serait-ce point exercer la vérité? Oserait-il bien dire : Je ne mérite aucun châtiment, lui qui ne saurait dire: Je n’ai point péché? Et s’il disait: Je n’ai point péché; à qui le dirait-il? Qui pourrait-il tromper? Le Seigneur a donc tout d’abord usé de miséricorde envers lui, et à la miséricorde a succédé la vérité. Ecoute maintenant comme il réclame cette vérité : « Tout d’abord », dit-il, « j’ai obtenu miséricorde, moi qui fus d’abord un blasphémateur, un persécuteur, un ennemi ; mais c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis3». Puis, quand il touchait à son martyre: « J’ai combattu un bon combat, j’ai terminé ma course, j’ai gardé la foi; il me reste à attendre la couronne de justice ». Celui qui m’a fait miséricorde me réserve la vérité. Comment réserve-t-il cette vérité? « C’est que le Seigneur, qui juge avec justice, me rendra cette couronne en ce jour4». Il m’a accordé le pardon, il me donnera la justice; il m’a accordé le pardon, il me doit la couronne. Comment la doit-il? Qu’a-t-il reçu? De qui Dieu est-il débiteur? Nous le voyons, Paul regarde Dieu comme un débiteur; il a obtenu le pardon, il exige la vérité : « Le Seigneur », dit-il, « me rendra en ce jour». Que peut-il te rendre, sinon ce qu’il te doit? D’où vient celte dette? Que lui as-tu donné ? De qui a-t-il reçu quelque chose, qu’il doive rendre ensuite5? Dieu s’est fait lui-même débiteur, non qu’il ait reçu, mais parce qu’il a promis. On ne lui dit point : Rendez ce que vous avez reçu; mais: Donnez ce que vous avez promis. Il m’a, dit-il, accordé miséricorde, afin de me rendre innocent, car tout d’abord j’ai été blasphémateur, ennemi acharné; mais je suis devenu innocent par sa grâce. Or, celui qui m’a fait miséricorde, pourrait-il me refuser ce qu’il me doit? Dieu aime la miséricorde et la vérité. Il « donnera la grâce et la gloire ». Quelle grâce, sinon la grâce dont l’Apôtre vient de dire : «C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ? » Quelle gloire, sinon cette gloire dont il a dit: « Il me reste à recevoir la couronne de justice? »