1.
Le psaume que l’on vient de chanter n’a que peu de paroles; mais il est riche de pensées. Il a été lu tout entier, et vous voyez le peu de temps qu’il a fallu pour arriver à la fin. Notre bienheureux père, qui nous honore de sa présence, m’a proposé tout à l’heure de l’exposer à votre charité autant que Dieu voudra bien me l’accorder. Une proposition si subite serait embarrassante, si celui qui m’engage ne me venait en aide par ses prières. Que votre charité soit donc attentive. Ce psaume chante et signale à notre attention une ville dont nous devenons les citoyens en devenant chrétiens, et d’où nous sommes exilés en cette vie mortelle; une ville dont nous approchons par la voie qui y conduit. On ne pouvait jadis trouver cette voie encombrée d’épines et de ronces; mais afin que nous pussions arriver à cette cité, le roi lui-même s’en est fait la voie. Donc, en marchant dans le Christ, étrangers ici-bas jusqu’à ce que nous soyons arrivés, en soupirant dans le désir de l’ineffable repos qui règne en cette cité, repos pour lequel on nous a promis « ce que l’oeil n’a point vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au coeur de l’homme1 »; en marchant donc, chantons de manière à stimuler nos désirs. Dans l’homme qui désire en effet, le coeur chante, quand même la langue se tairait; mais pour l’homme sans désir, quelque clameur qu’il fasse entendre aux hommes, il est muet pour Dieu. Voyez comme ceux qui aimaient cette ville aspiraient à y arriver; avec quelle effusion ces hommes, qui l’ont prophétisée, qui l’ont signalée à notre espérance, en ont aussi chanté les attraits. Ces désirs leur venaient de l’amour de cette cité, et cet amour était une effusion de l‘Esprit-Saint. « Car l’amour de Dieu », dit l’Apôtre, « est répandu dans nos coeurs, par l’Esprit-Saint qui nous a été donné2 ». Ayons donc cette ferveur de l’Esprit-Saint, pour entendre ce qu’on va dire de cette cité bienheureuse.