10.
Mais dès que l’on eut prêché la vérité autour de vous : « Les nations frémirent, les peuples méditèrent de vains complots; les rois de la terre se levèrent, les princes s’assemblèrent contre le Seigneur et contre son Christ1 ». Et en effet, Seigneur, dès que l’on a commencé à prêcher votre vérité autour de vous, comme si vous veniez chercher une épouse parmi les étrangers, un lion frémissant vous a barré le passage, et vous l’avez étranglé. C’est ce que figurait Samson2, et vous n’applaudiriez point mes paroles, si vous n’eussiez compris mon allusion avant que j’eusse nommé ce personnage : car vous l’avez compris en chrétiens accoutumés à recevoir la rosée des nuées divines. Donc « votre vérité est autour de vous ». Mais y est-elle jamais ans persécution, jamais sans contradiction, quand il est dit que le Christ est né pour être insigne auquel on contredira3? Donc parce que cette nation, dans laquelle vous avez voulu naître pour converser avec les hommes, était comme une terre séparée des flots des autres nations afin de paraître comme une terre sèche qui devait être arrosée, et que les autres nations étaient un océan d’eau amère et stérile; que font vos prédicateurs qui laissent tomber autour de vous la pluie de la vérité, en face des flots écumeux de la mer? Que font-ils? « C’est vous qui dominez les puissances de la mer4 ». Qu’a fait cette mer dans ses fureurs, sinon le jour que nous célébrons? Elle a égorgé les martyrs, répandu leur sang comme une semence, d’où est sortie cette riche moisson de l’Eglise. Que ces nuées marchent donc sans crainte, qu’elles répandent la vérité autour de vous, sans redouter le courroux des flots. « C’est vous qui dominez les puissances de la mer ». La mer se soulève, elle contredit, elle gronde ; mais Dieu est fidèle, et ne vous laissera point tenter au-dessus de vos forces5. Si donc Dieu est fidèle et ne nous laisse point tenter au-dessus de nos forces : « C’est bien vous, Seigneur, qui calmez la fureur des flots ? »