5.
Ecoute, ô chrétien, écoute ce qui peut t’affermir, te mettre en sécurité, si tu te reconnais parmi les membres du Christ : « Je l’ai juré une fois dans ma sainteté, si je mentais à David1». Veux-tu donc un second serment de la part de Dieu? Combien devra-t-il jurer, s’il manque une fois à son serment? Il a juré une fois de nous donner la vie, lui qui a envoyé son Fils unique à la mort pour nous. « Je l’ai juré une fois dans la sainteté, si je mentais à David: sa postérité demeurera éternellement2 ». La race du Christ subsiste donc éternellement, parce que le Seigneur connaît ceux qui sont à lui3. « Son trône sera comme le soleil en ma présence, comme la lune éternellement dans son plein, il m’est au ciel un témoin fidèle4 ». Son trône est formé de ceux qu’il domine, en qui il s’assied, en qui il règne. Ils sont ses membres comme son trône, car les membres servent de siége à notre tête. Voyez comme notre tête est portée par tous nos membres, sans que la tête porte rien au-dessus d’elle; mais elle est portée par tous nos autres membres, comme si tout le corps de l’homme servait de trône à la tête. Ainsi tous ceux en qui Dieu règne forment son trône, et ils seront, dit-il, comme le soleil en ma présence, parce qu’ils resplendiront comme le soleil dans le royaume de mon Père5. Ce qu’il faut entendre d’un soleil spirituel, et non de ce soleil visible qui brille dans les cieux, et que Dieu fait lever sur les lions comme sur les méchants6. Enfin ce soleil est en présence, non des hommes seulement, mais aussi des animaux et des plus petits insectes. Lequel d’entre ces animaux ne voit point le soleil qui nous éclaire ? Mais que dit le Prophète à propos de cet autre soleil : « Il sera comme un soleil en ma présence? » Non plus en présence. des hommes, en présence des yeux de la chair, en présence des animaux sujets à la mort, mais en ma présence, et comme la lune ». Quelle lune? « la lune éternellement dans son plein ». Cette lune, en effet, que nous voyons, est à peine arrivée à son plein qu’elle commence le lendemain à décroître. « Comme la lune », dit le Prophète, « qui est éternellement dans son plein ». Son trône sera donc parfait comme la lune, mais comme la lune toujours pleine. Si c’est comme le soleil, pourquoi comme la lune ? Par cette lune qui. croît et qui décroît, dont l’image passe rapidement, l’Ecriture désigne ordinairement notre chair mortelle. Enfin Jéricho signifie la lune, et voilà pourquoi cet homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho, tomba entre les mains des voleurs7, car d’immortel il descendait à la mortalité : notre chair a donc de la ressemblance avec la lune, qui chaque mois croît et décroît, mais à la résurrection cette chair sera parfaite, et « deviendra au ciel un témoin fidèle ». Si donc il n’y avait que notre esprit pour recevoir sa perfection, nous serions seulement comparés au soleil; et au contraire si notre corps seul devait être amené à la perfection, nous ne serions comparés qu’à la lune; mais comme Dieu doit amener à la perfection elle corps et l’âme, le Prophète a dit : « Comme le soleil, en ma présence », car Dieu seul voit notre âme; «et comme la lune», voici notre chair; « éternellement en son plein »: à la résurrection des morts ; « elle sera au ciel un témoin fidèle », en montrant la vérité de tout ce qui est dit au sujet de la résurrection. Je vous en supplie, écoutez cette même vérité plus clairement encore, et gravez-la dans votre souvenir. Je sais que plusieurs d’entre vous ont compris mes paroles, que d’autres les cherchent peut-être encore, car aucun, point de la foi chrétienne n’est plus en butte à la contradiction, que la résurrection de la chair. Enfin celui qui venait pour être un signe de contradiction8,a ressuscité sa chair pour s’opposer à ces contradictions: et lui qui pouvait guérir ses membres, de manière, qu’il n’y restât aucune trace de ses blessures, a conservé des cicatrices sur son corps, afin de guérir dans nos coeurs la blessure du doute. Il n’y a donc dans la foi chrétienne aucun point que l’on révoque en doute avec autant de violence ou tant d’obstination, autant d’efforts et d’instances que la résurrection de la chair. Quant à l’immortalité de l’âme, en effet, beaucoup de philosophes païens en ont écrit, et ont trouvé dans un grand nombre de livres que l’âme humaine est immortelle. Mais en vient on à la résurrection de la chair, ils n’hésitent point, ils contredisent clairement, et dans leur contradiction ils vont jusqu’à dire qu’il est impossible que cette chair terrestre puisse monter au ciel. Donc cette lune toujours dans son plein est dans le ciel un témoin fidèle contre ces contradicteurs.