12.
« Souvenez-vous de l’opprobre de vos serviteurs1 ». A peine le Christ était-il ressuscité, à peine était-il assis à la droite de Dieu son Père, qu’on jetait l’opprobre à la face des chrétiens : on leur fit longtemps un crime du nom même du Christ. Cette veuve qui enfante, et qui a des enfants plus nombreux que celle qui a un époux2, a entendu des paroles d’ignominie, des paroles d’opprobre. Mais dès que l’Eglise se multiplie, qu’elle s’étend à droite et à gauche, elle ne se souvient plus de l’ignominie de son veuvage. « Souvenez-vous, Seigneur », vous dans le souvenir duquel on goûte une abondance de douceur; « Souvenez-vous », n’oubliez point. De quoi vous souviendrez-vous? « Souvenez-vous de l’opprobre de vos serviteurs, de cet opprobre que je cache dans mon sein, et qui leur vient de tant de nations ». J’allais prêcher votre saint nom, et je recueillais des opprobres, et je les cachais en mon sein, afin d’accomplir cette parole: « On nous jette le blasphème et nous prions, nous sommes devenus les rebuts du monde, la balayure de tous3 ». Longtemps les chrétiens cachèrent ces opprobres dans leur sein, dans leurs coeurs; ils n’osaient répondre aux injures : auparavant c’était un crime de répondre à un païen, et aujourd’hui c’est un crime de demeurer dans le paganisme. Grâces au Seigneur, qui s’est souvenu de nos opprobres; il a élevé la puissance de son Christ, et l’a signalé à l’admiration des rois de la terre. Nul aujourd’hui n’insulte aux chrétiens; ou si quelqu’un leur insulte, ce n’est point en public : et en le faisant, il craint plus qu’on ne l’entende, qu’il ne désire qu’on le croie. « Opprobre qui vient de tant de nations, et que je cache en mon sein ».