5.
«Mille ans devant vos yeux, en effet, sont comme le jour d’hier qui s’est écoulé1 ». Il faut dorme nous détourner de tout ce qui passe et qui s’écoule, pour nous tourner vers votre asile, où vous êtes saros aucun changement; quelque longue en effet que l’on souhaite une vie : « Mille ans devant vos yeux sont comme le jour d’hier, qui s’est écoulé » ; pas même commue le jour de demain qui est à venir tant il est vrai que l’on doit regarder comme écoulé ce qui finit avec le temps! De là vient pour tout cela le mépris de saint Paul qui oubliait tout ce qui est en arrière, c’est-à-dire les choses temporelles, pour s’élancer vers l’avertir2, ou vers les choses de l’éternité. Et de peur qu’on ne vienne à s’imaginer que mille années sont en Dieu comptées pour un jour, comme si Dieu avait des jours si longs, tandis qu’il n’y a dans cette expression qu’un mépris du temps, quelque prolongé qu’il soit, le Psalmiste ajoute: « Et comme une veille pendant la nuit». Or, une veille ne se prolonge pas au-delà de trois heures. Et toutefois les hommes ont osé se promettre la science des temps, et le Seigneur répondait à un tel désir de ses disciples : « Ce n’est point à vous de connaître les temps que le Père a mis en sa puissance3 »; ils ont même osé décider que le monde pourrait finir dans l’espace de six mille ans, qui seraient comme six jours. Ils n’ont pas remarqué ce mot du Prophète: « Comme un jour qui est écoulé ». Quand il parlait ainsi, en effet, il ne s’était pas écoulé un millier d’années seulement : et cette autre parole qu’il ajoutait, « comme une veille pendant la nuit », aurait dû les avertir de ne point se laisser égarer dans cette incertitude au sujet du temps. S’ils peuvent en effet donner une certaine vraisemblance à leurs six jours, à cause des six jours que Dieu mit à faire tous ses ouvrages4, ils ne peuvent pas adapter à leur système six veilles, c’est-à-dire, dix-huit heures.