6.
Ensuite, cet homme de Dieu, ou plutôt l’esprit prophétique, semble en quelque sorte réciter une loi de Dieu écrite dans les secrets de sa sagesse, laquelle a prescrit à la vie pécheresse des hommes la manière dont elle s’écoulerait et la peine de la mort, quand il s’écrie: « Leurs années ressembleront à ce que l’on compte pour rien. Au matin leur vie passera comme l’herbe ; elle fleurira et passera; au soir elle tombera, s’endurcira, se desséchera1». Cette félicité donc qu’attendaient comme un grand bien du Dieu qu’ils servaient les héritiers de l’Ancien Testament, a mérité cette loi écrite dans les secrets de sa Providence, et que semble ici réciter Moïse: « Ils auront pour années ce que l’on compte pour rien ». Car on doit compter pour rien ce qui n’est rien, avant qu’il arrive, et qui à peine arrivé ne sera plus; qui même arrive, non pas tant pour être que pour n’être plus. « Au matin », c’est-à-dire tout d’abord, « elle passera comme l’herbe, au matin elle fleurira et passera : au soir », c’est-à-dire ensuite, « elle tombera, s’endurcira, et se desséchera ». « Elle tombera », en mourant, « s’endurcira», en devenant un cadavre, « se desséchera » dans la poussière. Qui, sinon notre chair, où siège cette convoitise charnelle , que Dieu a condamnée? Car toute chair est une herbe, et toute la gloire d’un homme n’est que la fleur de l’herbe. L’herbe s’est desséchée, la fleur est tombée: mais la parole de Dieu demeure éternellement2.