9.
« Car tous nos jours se sont écoulés, et nous avons défailli dans votre colère1». Ce verset nous montre assez que notre mortalité est une peine. Le Prophète dit que ses jours se sont écoulés, soit que les hommes se consument à aimer ce qui passe, ou qu’ils soient réduits à peu de jours, ce qu’il paraît exprimer dans les versets suivants : « Nos années s’épuisent comme l’araignée, nos jours sont bornés à soixante et dix ans, à quatre-vingts ans dans les plus forts, et au delà ce n’est que misère et douleur2». Ces paroles semblent exprimer la brièveté et la misère de cette vie, où l’on appelle avancés en âge ceux qui ont vécu septante années. D’autres paraissent conserver leurs forces jusqu’à quatre-vingts ans; mais vivre au delà, c’est vivre dans la douleur et un surcroît de travail. La plupart, à soixante et dix ans, n’ont plus qu’une vieillesse cassée et pleine de misères, et souvent toutefois on a vu des vieillards conserver leur vigueur au-delà de quatre-vingts ans. Il est donc mieux de donner à ces nombres un sens spirituel. Car ce n’est point un effet de la colère de Dieu sur les enfants d’Adam, ce seul homme par qui la mort est entrée dans le monde, et avec la mort le péché, qui a ainsi passé dans tous les hommes3 ; non ce n’est point parce qu’il est plus irrité, qu’ils vivent moins longtemps que leurs ancêtres puisque le Prophète vient de rire de cette longue vie en la comparant au jour d’hier qui est passé, et à l’espace de trois heures. Au surplus leur vie était longue, quand ils irritèrent le Seigneur jusqu’à être engloutis par le déluge.