5.
« Il vous fera une ombre de ses épaules, et vous espérerez sous ses ailes1 ». Ces paroles te montrent que ta protection n’est pas ton oeuvre, et que tu ne dois pas croire que tu pourras te protéger : c’est Dieu qui sera ta protection et ton salut; il te sauvera du filet des chasseurs et de la parole amère. « Il te fera une ombre entre ses épaules », peut s’entendre derrière lui et devant lui; car les épaules sont au-dessous de la tête. Mais quand le Prophète ajoute: «Tu espéreras sous ses ailes », il est évident que cet abri des ailes étendues, te place entre les épaules de Dieu, en sorte que ces ailes de part et d’autre te placent au milieu ; et dès lors tu n’auras point à redouter que l’on te nuise: garde-toi seulement de te retirer d’un lieu que nul ennemi n’ose aborder. Si la poule protège ses poussins sous ses ailes; combien plus sous les ailes de Dieu seras-tu en sûreté contre le diable et ses anges, puissances aériennes qui voltigent autour de toi comme des vautours, pour enlever le faible oisillon? Ce n’est pas en effet sans raison qu’à la poule a été comparée la divine sagesse; puisque le Christ notre Seigneur et Sauveur s’est ainsi nommé lui-même : « Jérusalem, Jérusalem, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins, et tu ne l’as point voulu2 ? »Acceptons ce que Jérusalem a refusé. Elle est devenue la proie des puissances de l’air, parce qu’elle a fui les ailes de la poule, et présumé de ses forces, malgré sa faiblesse. Pour nous, confessons notre infirmité, et cherchons un refuge sous les ailes de Dieu. Alors il sera pour nous comme la poule qui protège ses poussins. Ce nom n’est point injurieux pour lui. Voyez, mes frères, les autres oiseaux beaucoup d’oiseaux font éclore leurs petits, et les réchauffent sous nos yeux; nul autre oiseau ne devient comme la poule infirme avec eux. Que votre charité redouble d’attention : nous voyons hors de leurs nids des hirondelles, des passereaux, des cigognes, et nous ne pouvons savoir s’ils ont des petits; mais nous le reconnaissons chez la poule, et à sa voix affaiblie et à ses plumes redressées: elle est totalement changée par l’amour de ses petits, elle s’affaiblit à proportion de leur faiblesse. C’est ainsi que la sagesse de Dieu a voulu être faible, parce que nous étions faibles, puisque le Verbe s’est fait chair, et a demeuré parmi nous3, afin que nous pussions espérer sous ses ailes.