5.
Ne nous étonnons donc point que «les maux n’approchent point de vous, que les fléaux n’arrivent point à votre tente ». La tente du Christ est sa chair. Le Verbe a habité dans la chair1, et la chair est devenue une tente pour Dieu. C’est dans ce tabernacle que notre Chef a combattu pour nous; dans ce tabernacle qu’il a subi la tentation de l’ennemi, afin de raffermir le soldat. Et comme il a rendu sa chair visible pour nos yeux, puisque nos yeux se plaisent à voir le jour, et qu’ils trouvent leur joie dans cette lumière sensible, comme il a mis sa chair en évidence, de manière que chacun pût la voir; voilà que le Psalmiste s’écrie : « Il a placé son tabernacle dans le soleil ». Qu’est-ce à dire « dans le soleil? » Il l’a manifestée; il l’a mise en évidence, et dans cette lumière terrestre, dans cette lumière qui du ciel se répand sur la terre; c’est là qu’il a placé son tabernacle. Mais comment y mettrait-il sa tente, s’il ne sortait comme le jeune époux de son lit nuptial? Car voilà ce qui vient après ces paroles : « Il a placé son tabernacle dans le soleil ». Et comme si on lui demandait comment? « Semblable au jeune époux », répond-il, « qui sort du lit nuptial, il a bondi comme un géant pour parcourir sa carrière2». Le tabernacle est donc le même que l’épouse. Le Verbe est l’Epoux, la chair l’Epouse, et le lit nuptial est le sein de la Vierge. Et que dit l’Apôtre? « Ils seront deux dans une même chair: c’est là un grand sacrement, ce que j’entends du Christ et de l’Eglise3». Que dit lui-même le Seigneur dans l’Evangile ? « Ils ne sont donc plus deux, mais une seule chair4» : de deux choses une seule, du Verbe et de la chair, un seul homme, un seul Dieu. Sur la terre les fléaux se sont approchés de ce tabernacle, car il est évident que le Seigneur fut flagellé5. Mais a-t-il subi la flagellation dans le ciel? Pourquoi non ? Parce qu’il a placé bien haut son refuge, afin d’être notre espérance; et le mal n’approchera point de lui, et le fléau n’abordera point son tabernacle. Il est bien haut dans les cieux, mais il a les pieds sur la terre. La tête est dans les cieux, le corps ici-bas. Or, quand Saul foulait et meurtrissait les pieds, la tête cria : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter6? » Voilà que nul ne persécute la tête, que la tête est dans le ciel : « et le Christ, une fois ressuscité ne meurt plus, la mort n’aura plus d’empire sur lui7: le mal n’approchera plus de vous, le fléau n’atteindra point votre tente ». Mais gardons-nous de croire que la tête est séparée du corps ; séparée quant aux lieux, ils sont unis par la charité: et c’est la tendresse de cette charité qui cria du ciel: « Saul, Saul, pourquoi me persécuter? » Sa voix tonnante renversa le persécuteur que relevait une main miséricordieuse. Et alors le persécuteur du Christ devint membre du Christ, afin d’endurer ce qu’il faisait souffrir.