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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME XC.
DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME XC.

6.

Quoi donc! mes frères, qu’est-il dit de notre chef? « C’est vous, Seigneur, qui êtes mon espérance, vous avez placé bien haut votre asile. Le mal n’approchera point de vous, et le fléau n’abordera point votre tabernacle ». Voilà ce qui est dit : « Car Dieu a commandé à ses anges de prendre soin de vous, de vous garder dans toutes vos voies ». Vous l’avez entendu à la lecture de l’Evangile1; écoutez encore: Notre-Seigneur fut baptisé, et il jeûna. Pourquoi baptisé? Afin que nous ne pussions dédaigner le baptême. Quand Jean lui-même disait au Seigneur: « Vous venez à moi pour être baptisé, et c’est moi qui dois être baptisé par vous»; et que le Seigneur lui répondait : « Laissez-moi, car il nous faut accomplir toute justice2» ; il voulait donc passer par l’humilité, être purifié de souillures qu’il n’avait point. Pourquoi? pour confondre l’orgueil de ceux qui devaient venir. On trouve quelquefois, en effet, un catéchumène plus instruit et plus vertueux que beaucoup de fidèles; il voit beaucoup de baptisés qui sont ignorants, qui ne vivent pas aussi bien que lui, avec moins de continence et moins de chasteté; il voit que lui-même renonce au mariage, quand quelque fidèle use du mariage avec intempérance, s’il ne devient fornicateur : il peut alors lever la tête avec orgueil, et dire . Qu’ai-je besoin d’être baptisé, d’avoir ce qu’a ce fidèle, bien moins avancé que moi en science et en vertu? Le Seigneur lui répond : En quoi le devances-tu? de combien le devances-tu? Autant que moi même je suis au-dessus de toi? « Le serviteur n’est point au-dessus de son Seigneur, ni le disciple au-dessus de son maître; qu’il suffise au serviteur d’être comme son Seigneur, et au disciple comme son maître3 ». Ne t’élève pas au point de dédaigner le baptême. Tu recevras le baptême de ton maître, et moi j’ai recherché le baptême du serviteur. Le Seigneur fut donc baptisé, puis tenté après son baptême, et il jeûna pendant ces quarante jours mystérieux dont je vous ai parlé souvent. On ne saurait tout dire en une seule fois, et user ainsi un temps nécessaire. Après quarante jours il eut faim, lui qui pouvait n’avoir jamais faim ; mais comment eût-il pu être tenté? Et s’il n’eût pas triomphé du tentateur, comment apprendrais-tu à le combattre? Il eut donc faim, et alors le tentateur : « Dis que ces pierres deviennent du pain, si tu es Fils de Dieu4 ». Etait-il si difficile à Notre-Seigneur Jésus-Christ de changer des pierres en pain, lui qui rassasia tant de milliers de personnes avec cinq pains seulement5? Ce pain, il le fit de rien. D’où vint en effet celte nourriture qui suffit à soutenir tant de milliers de personnes? Le Seigneur avait dans ses mains une source de pain, et il n’y a là rien d’étonnant; car celui qui, avec cinq pains, put nourrir tant de milliers d’hommes, est aussi celui qui, avec quelques grains, fait naître chaque jour d’abondantes moissons. Ce sont là les miracles du Seigneur, que l’on ne considère point parce qu’ils sont ordinaires. Comment donc, mes frères, eût-il été impossible au Seigneur de faire du pain avec des pierres, quand avec des pierres il fait des hommes? Jean-Baptiste l’a dit : « Dieu peut de ces pierres mêmes susciter des enfants d’Abraham6 ». Pourquoi donc ne le fit-il pas alors? Afin de t’apprendre à riposter au tentateur, lorsque dans certaines angoisses, il te fait des suggestions: si tu étais chrétien, si tu étais vraiment l’homme du Christ, t’abandonnerait-il en cette occasion? Ne t’enverrait-il pas du secours? Médecin il tranche, puis il délaisse, mais ce n’est point là uni abandon. De même il n’exauce point Paul lui-même, parce qu’il l’exauçait alors. Car Paul nous dit qu’il ne fut point exaucé, au sujet de cet aiguillon de la chair, de cet ange de Satan qui le souffletait : « J’ai prié trois fois le Seigneur », nous dit-il, « afin qu’il l’éloignât de moi; et il m’a répondu : Ma grâce te suffit, car c’est dans l’infirmité que la vertu se fortifie7 ». C’est connue si l’on disait à un médecin qui vient de nous appliquer un remède violent : cet emplâtre me gêne, ôtez-le, s’il vous plaît. Non, dit le médecin, il doit demeurer là longtemps, autrement point de guérison pour vous. Le médecin n’agit point selon la volonté du malade, mais dans le sens de sa guérison. Courage donc, mes frères! surtout quand le Seigneur vous éprouve par la pauvreté, afin de vous affliger et de vous instruire, pendant qu’il vous prépare et vous réserve l’héritage éternel; ne laissez point alors le diable vous faire ces suggestions : Si tu étais juste, ne t’enverrait-il point comme à Eue du pain par un corbeau8? Où est la vérité de cette parole:

« Je n’ai jamais vu le juste abandonné, ni ses enfants mendier leur pain9? » Réponds à Satan : L’Ecriture a dit vrai : « Je n’ai jamais vu le juste abandonné, ni ses enfants mendier leur pain »; j’ai mon pain que tu ne connais pas. Quel pain? Ecoute le Seigneur: « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole de Dieu10». Penses-tu que la parole de Dieu n’est pas un pain? Si ce Verbe de Dieu, par qui tout a été fait, n’était pas un pain, il ne dirait pas : « Je suis le pain vivant descendu du ciel11 ». Tu sais donc maintenant ce que tu répondras au tentateur dans l’épreuve de la faim.


  1. Matth. IV, 1-11. ↩

  2. Id. 10, 14, 15. ↩

  3. Id. X, 24, 25. ↩

  4. Id.IV, 3. ↩

  5. Matth. XIV, 17-21. ↩

  6. Id. III, 9. ↩

  7. II Cor. XII, 7-9. ↩

  8. III Rois, XVII, 6  ↩

  9. Ps. XXXVI, 25. ↩

  10. Matth. IV, 4; Deut. VIII, 3.  ↩

  11. Jean, VI, 41.  ↩

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