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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME XCIII .

8.

Mais cette liberté dans ses actions, ils n’ont pu la souffrir. Et comme il était venu humble, comme il avait pris une chair mortelle et venait pour mourir; non pour agir comme les pécheurs, mais pour souffrir de leur part; comme il était venu pour agir en toute liberté, et que ces Pharisiens ne pouvaient supporter la franchise de ses invectives, que firent-ils? Ils le saisirent, le flagellèrent, se moquèrent de lui, le souffletèrent, lui crachèrent au visage, le couronnèrent d’épines, l’attachèrent à la croix, et enfin le firent mourir. Mais que dit le Prophète de cette active confiance? « Elevez-vous, ô vous qui jugez la terre1 ». Ils l’ont saisi dans son humilité, le saisiront-ils dans sa gloire? Eux qui ont jugé un homme mortel, ne seront ils pas jugés par lui devenu immortel? Que dit donc le Prophète? Elevez-vous, ô vous qui avez agi avec liberté, vous dont les invectives hardies leur étaient insupportables , vous que dans leur malice ils ont cru faire beaucoup de saisir et de crucifier : au lieu de vous saisir pour croire en vous, ils vous ont saisi pour vous persécuter; ô vous donc, qui avez agi avec tant de confiance parmi les méchants, qui n’avez redouté personne, et qui avez souffert, « élevez-vous », c’est-à-dire ressuscitez pour aller au ciel, et que l’Eglise endure avec patience ce que le chef de l’Eglise a si patiemment enduré; « élevez-vous, ô vous qui jugez la terre, rendez leur salaire aux superbes ». Il le rendra, mes frères. Qu’est-ce en effet qu’il est dit ici : « Elevez-vous, ô vous qui jugez la terre, et rendez le salaire aux superbes? » C’est une parole prophétique, et non un commandement téméraire. Ce n’est point parce que le Prophète a dit: « Elevez-vous, ô vous qui jugez la terre », que le Christ a obéi à son Prophète en ressuscitant pour monter au ciel; mais c’est parce que le Christ devait le faire que le Prophète l’a prédit. Car le Christ ne l’a point fait parce que le Prophète l’avait prédit, mais le Prophète l’a prédit parce que le Christ devait le faire. Il voit en esprit le Christ humilié, mais humilié sans redouter personne, sans ménager personne de sa parole, et il dit qu’ « il agit avec liberté». Il le voit agir avec cette confiance, il le voit saisi, il le voit crucifié, humilié, puis il le voit ressuscitant et montant au ciel, d’où il viendra pour juger ceux-là mêmes entre les mains desquels il a souffert tant de maux. « Elevez-vous», lui dit alors le Prophète, « ô vous qui jugez la terre, et rendez le salaire aux superbes ». Il le rendra aux méchants, et non aux humbles, Quels sont les superbes? Ceux qui, non contents de mal faire, veulent encore défendre leurs péchés. Quelques-uns, en effet, de ceux qui ont crucifié le Christ, ont réellement opéré des miracles, quand ils se sont séparés des Juifs pour embrasser la foi, et Dieu leur a pardonné le sang du Christ. Ce sang du juste rougissait encore leurs mains, et déjà ce juste lavait son sang versé. Ceux qui avaient meurtri son corps mortel qu’ils voyaient, se sont unis à son corps spirituel ou à l’Eglise. Ils avaient répandu ce sang qui devait être leur rançon, alla de boire cette même rançon. Plusieurs, en effet, se convertirent ensuite aux miracles que faisaient les Apôtres, plusieurs milliers embrassèrent la foi en un même jour2; et ils se trouvèrent si étroitement unis au Christ, qu’ils vendaient tout leur bien pour en apporter le prix aux pieds des Apôtres, et on le distribuait à celui qui en avait besoin; et ils n’avaient en Dieu qu’un même coeur et qu’une même âme, eux dont plusieurs avaient crucifié le Sauveur. Mais pourquoi Dieu ne s’en est-il pas vengé? Parce qu’il est dit: « Rendez le salaire aux superbes», et que ceux-ci ne voulurent pas être orgueilleux En voyant les miracles qui s’opéraient au nom de ce Jésus qu’ils croyaient avoir mis à mort, ils furent émus de ces miracles, et prêtèrent l’oreille à Pierre, qui leur déclara au nom de qui ils s’opéraient. Serviteurs fidèles, ces hommes ne voulurent point s’arroger la puissance de leur maître et dire qu’ils opéraient eux-mêmes ce que leur maître opérait par leurs mains. Les serviteurs rendirent donc au maître la gloire qui lui était due; ils dirent que ces merveilles que l’on admirait s’accomplissaient au nom de celui que les Juifs avaient crucifié. Et ces juifs s’humilièrent, et touchés au fond du coeur, troublés, ils confessèrent leur péché3 ; puis demandèrent conseil, en disant : « Que ferons-nous? » Loin de désespérer de leur salut, ils cherchent le médecin. Alors Pierre leur dit : « Faites pénitence, et que chacun d’entre vous soit baptisé au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ4 ».En faisant pénitence, ils devinrent humbles, et Dieu ne leur rendit point ce qu’ils avaient mérité. Voici en effet ce que dit notre psaume : « Elevez-vous, ô vous qui ce jugez la terre, et rendez le salaire aux superbes ». Or, ceux-ci n’étaient plus de ce nombre : en eux s’était accomplie cette parole du Sauveur à la croix: «Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font5 ». « Elevez-vous, ô vous qui jugez la terre, et rendez le salaire aux superbes ». Il doit donc rendre aux hommes ce qu’ils méritent? Oui, mais aux superbes.


  1. Ps. XCIII, 2. ↩

  2. Act. IV, 4. ↩

  3. Act. II, 37. ↩

  4. Id. II, 4. ↩

  5. Luc, XXIII, 34. ↩

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