12.
« O vous, plus insensés que la populace, comprenez enfin, ayez enfin de la sagesse, ô hommes sans intelligence1 ». Dieu instruit son peuple, dont les pieds pourraient chanceler à la vue de la prospérité des méchants. Voilà un homme qui vit parmi les saints de Dieu, ou les enfants de l’Eglise; il voit les méchants dans la prospérité, eux qui commettent le crime, et alors il en est jaloux et se sent porté à les imiter dans leurs oeuvres; il voit encore que sa piété, que son humilité ne lui servent de rien sur la terre, où il attendait sa récompense. S’il ne l’attendait que dans le ciel, il ne la croirait point perdue, puisque le temps de la recevoir n’est point venu pour lui. Tu es à travailler dans une vigne, fais ton oeuvre, et tu recevras ta récompense. Tu ne la demandes point au père de famille, avant de l’avoir gagnée, et tu l’exiges de Dieu avant tout travail? Cette patience même fait partie de ton travail qui sera récompensé. C’est diminuer le travail dans la vigne, que ne vouloir pas attendre, car cette patience qui se résigne fait partie de l’oeuvre qui doit être salariée. Mais si tu es fourbe, prends garde, non-seulement de te priver de toute récompense, mais encore d’être châtié comme un ouvrier infidèle. Quand un ouvrier infidèle commence à mal faire, il fixe les yeux du père de famille, il examine celui qui l’a engagé pour travailler à sa vigne, afin de ralentir son travail, de muai faire s’il détourne les yeux, d’agir bien tant qu’il le voit. Mais Dieu, qui t’a engagé, ne détourne jamais les yeux; tu ne saurais donc jamais mal faire, le père de famille a toujours les yeux sur toi; cherche comment tu pourras le tromper, et tu cesseras alors d’agir. Si donc vous commenciez à vous ébranler en voyant la prospérité des méchants, si vos pensées faisaient chanceler vos pas dans la voie de Dieu, c’est à vous que s’adresse le Psalmiste; mais si nul d’entre vous n’en est là, c’est aux autres qu’il s’adresse, mais par vous-mêmes, lorsqu’il dit: « Comprenez maintenant». Ils ont dit: « Dieu ne verra point, le Dieu de Jacob ne comprendra point ». « Comprenez », s’écrie le Prophète, « vous qui êtes insensés parmi la populace, devenez enfin sages, vous qui êtes sans jugement».
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Id. XCIII, 8. ↩