17.
Nous comprenons donc pourquoi Dieu pardonne aux méchants; leur félicité est leur fosse. Dieu nous dit que ce n’est point à nous de connaître comment ni pourquoi cette fosse leur est creusée, mais à nous de comprendre dans sa loi que nous devons être patients jusqu’à ce que la fosse soit creusée au pécheur.
Mais moi, diras-tu, moi qui souffre au milieu des pécheurs, que m’arrivera-t-il? La réponse qui va suivre te dira que « Dieu ne repoussera point son peuple1 ».Il le tient en haleine, mais ne le repousse point. Que nous dit en effet l’Ecriture à un autre endroit? « Que Dieu châtie celui qu’il aime; qu’il frappe celui «qu’il admet parmi ses enfants2». Il reçoit celui qu’il châtie, et tu dis qu’il le repousse ? Voilà ce que des hommes font à leurs enfants sous nos yeux; ils corrigent ceux qui leur donnent de l’espérance, mais ils abandonnent à leur vie de liberté, ces âmes indomptables qui ne laissent aucune espérance de bien. Or, il n’a point l’intention d’admettre à son héritage celui qu’il abandonne à sa liberté : et quand il corrige un enfant, c’est qu’il lui réserve son héritage. Que le fils que Dieu corrige, s’avance sous la main qui le frappe; puisque le frapper c’est le préparer à l’héritage. Dieu donc n’éloigne pas de l’héritage le fils qu’il corrige, mais il ne le corrige que pour l’y admettre. Que ce fils toutefois ne pousse point la jalousie enfantine, jusqu’à dire: Mon frère est plus aimé que moi de mon père, qui le laisse vivre en liberté, et moi, au moindre mouvement contre sa défense, le fouet est là. Réjouis-toi sous le fouet du châtiment, puisque l’héritage t’est réservé, et que « Le Seigneur ne rejettera point son peuple ». Il corrige dans le temps, mais il ne damne point pour l’éternité. A ceux au contraire qu’il épargne dans le temps, malédiction sans fin. Choisis donc: veux-tu un labeur qui passera, ou une félicité éternelle? Une félicité d’un moment, ou bien une vie éternelle? De quoi vous menace le Seigneur? d’une peine sans fin. Que vous promet-il? un bonheur sans fin. Les châtiments qui pèsent sur les bons ne sont que passagers, l’exemption des méchants n’est que passagère non plus, car « le Seigneur ne «rejettera point son peuple, et n’abandonnera point son héritage».